Message du Dr Norman Rosenblum à l’occasion de la Journée mondiale du diabète

Aujourd'hui, je vous invite à repenser aux innovations canadiennes dans le domaine du diabète au chapitre de la prévention, de la gestion, du traitement et de la prestation de soins. C'est que la Journée mondiale du diabète revêt une signification particulière cette année : 2023 marque le 100e anniversaire de l'attribution du prix Nobel de physiologie ou de médecine à F.G. Banting et à J.J.R. Macleod pour la découverte de l'insuline. Véritable moment charnière de l'histoire de la recherche médicale au Canada, cette découverte a non seulement transformé le domaine de l'endocrinologie, mais aussi changé le sort de ceux et celles aux prises avec le diabète. L'insuline a ainsi intégré l'usage clinique généralisé en seulement trois, un succès fulgurant à peine imaginable de nos jours.

Or, plus de 4 millions de personnes au Canada, soit 10 % de la population, vivent avec le diabèteNote en bas de page 1. Qui plus est, on prévoit que la prévalence du diabète à l'échelle du pays continuera d'aller croissant et pèsera de plus en plus lourdement sur les personnes atteintes, leur famille, la société et les systèmes de santé. Plus préoccupante encore est l'augmentation rapide de la prévalence du diabète de type 2 chez les jeunes de 19 ans et moins, particulièrement chez les membres des minorités ethniques et racialesNote en bas de page 2. Une récente étudeNote en bas de page 3 a d'ailleurs fait la lumière sur un rapport linéaire entre l'âge du diagnostic de diabète de type 2 et le risque de décès : plus une personne reçoit un diagnostic tôt dans la vie, plus son espérance de vie diminue, en général de trois à quatre ans pour chaque décennie passée avec le diabète. Il va donc sans dire que la prévention efficace du diabète est essentielle dès l'enfance.

Bien loin de l'introduction spectaculaire de l'insuline, on estime que de nos jours, il faut en moyenne 17 ans pour que les données probantes soient mises en application dans la pratique cliniqueNote en bas de page 4. Néanmoins, le dernier siècle a vu des innovations qui ont changé la donne pour les diabétiques. Le milieu de la recherche canadien a été un moteur de ces progrès, notamment dans la découverte et l'application clinique de la biologie des incrétinesNote en bas de page 5, des hormones qui entraînent une diminution du taux de glucose dans le sang. Par exemple, des outils ont été conçus pour surveiller en permanence le taux de glycémie et offrent même un accès rapide aux résultats au moyen d'applications mobiles. Les percées sur le plan du traitement du diabète sont tout aussi remarquables : de nouveaux médicaments peuvent empêcher l'absorption du glucose dans les reins (inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose de type 2 [SGLT2]), réduire l'appétit (agonistes des récepteurs du peptide-1 apparenté au glucagon [GLP-1]) ou accroître la sensibilité à l'insuline (les thiazolidinédiones). De nouveaux agonistes des récepteurs du GLP-1 qui simulent l'hormone incrétine afin d'accroître la sécrétion d'insuline après un repas sont d'ailleurs couramment utilisés aujourd'hui pour traiter le diabète de type 2 et font même fureur puisqu'ils sont associés à une perte de poids. Même l'insuline a connu son lot d'innovations, par exemple des pompes à insuline qui facilitent l'administration et les stylos injecteurs d'insuline qui assurent un suivi du temps et du dosage. Enfin, mentionnons le renforcement du soutien dont disposent maintenant les personnes atteintes du diabète, sous la forme d'éducateurs agréés en diabète et d'endocrinologues qui travaillent directement avec les patients afin d'optimiser leur santé.  

L'initiative L'insuline a 100 ans : accélérer les découvertes canadiennes pour lutter contre le diabète des IRSC vise à faire fond sur cette longue histoire de la recherche sur le diabète au Canada. L'objectif de cette initiative est d'élucider les mécanismes auparavant non définis du diabète, de mettre au point des solutions translationnelles et de tirer parti des approches autochtones de lutte contre le diabète qui intègrent la résilience et le mieux-être pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Cette initiative est codirigée par l'Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète, l'Institut des maladies infectieuses et immunitaires, l'Institut de génétique et l'Institut de la santé des Autochtones, en collaboration avec d'autres instituts des IRSC et des partenaires du Canada, y compris Diabète Canada, FRDJ Canada, la Fondation canadienne du rein et le Fonds de recherche du Québec – Santé, ainsi que des partenaires étrangers, comme le Medical Research Council du Royaume-Uni, Diabetes Fonds, Health Holland et ZonMw (Organisation néerlandaise pour la recherche et le développement en santé). 

À ce jour, 37 équipes de recherche ont été financées dans le cadre de cette initiative, pour un investissement total de 84,06 millions de dollars de la part des IRSC et de leurs partenaires. Les IRSC ont d'ailleurs dévoilé les résultats des concours suivants cette année : Subvention d'équipe : IRSC-FRDJ : Médecine de précision dans le diabète de type 1, Subvention de fonctionnement : Diabète et santé psychosociale, prévention et autoprise en charge, Subvention d'équipe : Consortium IRSC-FRDJ sur le dépistage du diabète de type 1 et Subvention d'équipe : Prévention et traitement du diabète dans les communautés autochtones : résilience et bien-être. Je vous invite à vous renseigner sur ces nouvelles équipes et subventions de recherche.

Il est maintenant temps de redoubler d'efforts pour améliorer les méthodes de prévention et de traitement de même que raccourcir le délai entre les découvertes et leur mise en œuvre, afin que les gens vivant avec le diabète puissent profiter plus rapidement des fruits de la recherche.

Dr Norman Rosenblum, M.D., FRCPC, MACSS
Directeur scientifique
Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète des IRSC

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