Message de Norman Rosenblum, directeur scientifique de l’INMD
Février 2021

Les femmes et les filles comptent pour la moitié de la population mondiale, mais elles sont disproportionnellement sous‑représentées en recherche et dans les domaines liés aux science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). Selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), les étudiantes ne représentent qu’environ 35 % de l’ensemble des personnes aux études supérieures dans les domaines liés aux STIM (Bokova, 2017). De même, les femmes comptent pour moins de 30 % de tous les chercheurs dans le monde (Institut de statistique de l’UNESCO, 2019). Pour réaliser l’égalité des sexes et donner aux femmes et aux filles les moyens de faire des études en sciences, les Nations Unies ont déclaré le 11 février « Journée internationale des femmes et des filles de science ». Pour souligner cette journée, la Dre Catherine Field (Université de l’Alberta), sommité de la recherche en nutrition au Canada et titulaire d’une chaire de recherche du Canada de niveau 1 en nutrition humaine et métabolisme, également vice‑présidente du conseil consultatif de l’INMD, fera part de ses réflexions sur les avancées des femmes jusqu’ici en sciences, particulièrement dans les domaines relevant de l’INMD, et sur les défis qu’il leur reste à relever.

Réflexions sur les femmes et les filles en sciences

Catherine Field, professeure, Université de l’Alberta

Vice-présidente du conseil consultatif de l’INMD

Au cours de mes 30 années dans le monde universitaire, le nombre de femmes en recherche a augmenté de façon exponentielle. Les femmes ont toujours fait des études supérieures, mais aujourd’hui, j’en vois beaucoup qui font carrière en recherche, dans la fonction publique et dans l’industrie, ce qui en encouragera d’autres, plus jeunes, à se diriger vers les sciences. Les femmes de sciences d’aujourd’hui sont de puissants modèles pour les autres, et sont capables de trouver un équilibre entre les exigences de leur carrière et leur famille.

Nous avons parcouru beaucoup de chemin, mais il nous reste du rattrapage à faire. Une récente analyse de l’écart de pouvoir publiée dans le Globe and Mail (Doolittle R. et Wang C., 21 janvier 2021) révèle, selon des données de 82 universités de partout au Canada, que les universités sont parmi les pires établissements en matière de représentation des sexes, les femmes qui y occupent des postes de direction étant moins nombreuses et moins bien rémunérées. L’article montre de quelle façon le nombre de femmes diminue à mesure que l’on s’approche du sommet. Le Globe and Mail a constaté qu’à la tranche de salaire la plus basse, les femmes représentent juste un peu moins que la moitié des employés, mais qu’elles sont trois fois moins nombreuses dans les 10 premiers centiles de salaires. Les données du journal montrent aussi que les femmes sont concentrées aux plus bas échelons des postes universitaires. Ma propre expérience le confirme. Je vois beaucoup de nos stagiaires féminines qui considèrent la génération plus âgée de femmes dans le monde universitaire – dont je fais partie – comme des modèles peu enviables parce qu’elles estiment qu’il n’y a pas assez d’équilibre entre leurs rôles en dehors de l’université et leurs rôles en recherche.

Comment remédier à ce déséquilibre? Il est encourageant de constater que les chercheurs suivent désormais un module des IRSC sur le sexe et le genre, et doivent en tenir compte dans leurs demandes de subvention. J’ai observé que les universités commencent à peine à comprendre l’effet du congé « parental » non protégé sur la « productivité » et les salaires des femmes tout au long de leur carrière. Les universités doivent maintenant élaborer des politiques institutionnelles visant à mieux aider les femmes à concilier leurs différents rôles.

Le fait que nous devions encore, au moment de l’embauche, tenir compte du facteur femme dans les considérations relatives à l’équité, à la diversité et à l’inclusion (EDI) continue de me surprendre, car les femmes sont des égales sur le plan académique comme chercheuses et professeures, et doivent être considérées comme telles. Nous avons fait beaucoup de chemin, mais il nous en reste à faire.

Références

Date de modification :