Des chercheurs de la Faculté de kinésiologie de l'Université de Calgary orientent les politiques sur les commotions dans le sport

Ash Kolstad avait 12 ans lorsqu'il a subi une commotion en jouant au hockey. Son rétablissement a été difficile. Il a passé de nombreuses heures allongé dans le noir et pouvait rester plusieurs jours sans dormir. Il a manqué une année scolaire complète.

Ash Kolstad
Ancien joueur de hockey

Aujourd'hui, huit ans plus tard, Ash montre toujours des signes de syndrome postcommotion. Il souffre de maux de tête constants, ce qui nuit à sa capacité de concentration.

Son expérience l'a amené à vouloir aider les autres à éviter les dommages causés par ces lésions cérébrales.

Ash vient de terminer la troisième année de son programme de premier cycle en kinésiologie à l'Université de Calgary, et il souhaite poursuivre des études supérieures en recherche sur la prévention des commotions et des blessures.

Il acquiert une précieuse expérience de recherche comme membre de l'équipe de la Dre Carolyn Emery au Centre de recherche sur la prévention des blessures sportives (en anglais seulement) à l'Université de Calgary, l'un des neuf centres de recherche soutenus par le Comité international olympique.

« ‎Je veux aider les victimes de commotion à traverser le processus de rétablissement et à gérer non seulement les effets physiques, mais aussi les séquelles psychologiques et sociales », explique Ash qui, en plus de son travail avec la Dre Emery, contribue à une étude visant à mieux comprendre l'expérience des victimes de commotion.

La Dre Emery et ses collègues du Centre de recherche sur la prévention des blessures sportives aident à concevoir des politiques sur le sport permettant de prévenir les commotions et d'améliorer le rétablissement des patients, au Canada et partout dans le monde.

Leurs travaux ont incité Hockey Canada en 2013 à bannir les mises en échec au niveau pee-wee (11-12 ans). Dans une étude récemment publiée dans le British Journal of Sports Medicine, les chercheurs ont démontré que ce changement de politique sur les mises en échec avait permis de réduire de 64 % les risques de commotion et de 50 % les risques de blessure en général. 

Ces conclusions ont aussi amené des associations de hockey locales et provinciales à étendre l'interdiction des mises en échec aux divisions non sélectives des niveaux bantam et midget (13-17 ans).  

Les chercheurs tentent aussi de comprendre les effets de l'interdiction sur le jeu même de hockey.

Ash contribue à ce travail en passant des heures dans des arénas communautaires à enregistrer des parties de hockey où les mises en échec sont permises, et d'autres où elles sont interdites. Cet été, il analysera ses bandes vidéo afin de cerner les différences dans la performance offensive des joueurs.   

Cette recherche est importante, car elle appuiera les réponses aux entraîneurs et aux parents qui considèrent essentiel que les jeunes joueurs s'habituent aux mises en échec pour aspirer à jouer au niveau d'élite. 

Les travaux de la Dre Emery et son équipe influencent les plus hautes sphères du sport.

Dre Carolyn Emery
Doyenne associée (Recherche)
Faculté de Kinésiologie
Université de Calgary

En mars, ils ont présenté les conclusions de l'étude publiée dans le BJSM à la Conférence mondiale du Comité international olympique sur la prévention des blessures et des maladies dans le sport, qui s'est tenue à Monaco.

L'équipe a également joué un rôle de premier plan dans l'élaboration de la Déclaration de consensus de Berlin sur les commotions cérébrales dans les sports, puisque la Dre Emery et ses collègues, les Drs Willem Meeuwisse et Kathryn Schneider, ont siégé au comité d'experts. La déclaration vise à guider les médecins et les autres professionnels de la santé dans la prévention, le diagnostic et la gestion des commotions chez les athlètes.

Les recherches de la Dre Emery sont financées par l'Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents et l'Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies des IRSC, ainsi que par le Hotchkiss Brain Institute, dans le cadre de l'Initiative nationale canadienne sur les lésions cérébrales traumatiques.

« Les commotions représentent un problème sérieux dans le sport », signale le Dr Shoo Lee, directeur scientifique de l'Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents des IRSC. « Ces blessures peuvent avoir des séquelles graves et durables sur la santé des enfants et des jeunes. La Dre Emery démontre l'influence que peuvent avoir les chercheurs sur les politiques et les recommandations touchant le sport. Son travail aide à prévenir les blessures et à assurer la sécurité des enfants et des jeunes sur les terrains de jeu, de sorte qu'ils puissent profiter des bienfaits physiques et sociaux de la pratique sportive. »

Malgré l'utilité de sa recherche, la Dre Emery sait qu'il reste beaucoup à faire pour mieux diagnostiquer et traiter les commotions, pour comprendre les effets des commotions sur le développement du cerveau ainsi que le processus de rétablissement des enfants après une commotion, et pour déterminer quand exactement un athlète peut retourner au jeu sans risque.

C'est pourquoi elle continue de travailler avec ses partenaires des communautés à promouvoir des stratégies de prévention, comme le port d'équipement de protection, la modification des règlements et la sensibilisation. Avec ses collègues, elle prévoit également orienter les efforts de prévention des commotions et des blessures dans les programmes scolaires d'éducation physique, ainsi que dans d'autres sports communautaires, comme le soccer.    

Pour l'instant, la Dre Emery a un message clair à livrer aux entraîneurs et aux parents : « Si un joueur ou un enfant montre des signes de commotion, il ne devrait pas continuer de jouer. Il devrait consulter un médecin et suivre les recommandations factuelles pour retourner au jeu. »

C'est un bon conseil, car bien que le sport soit amusant, les commotions sont sérieuses.

Date de modification :