Réaliser des miracles, un bébé à la fois
Donner à nos patients les plus vulnérables – les enfants prématurés – de meilleures chances de survie grâce au don de lait maternel

Dre Deborah O’Connor et Dre Sharon Unger

Crédit photo : Université de Toronto

Titulaires d’une subvention du volet Fondation des IRSC

Dre Deborah O’Connor
Professeure, Faculté de médecine
Université de Toronto

Diététiste et scientifique principale associée
Hôpital pour enfants de Toronto

et

Dre Sharon Unger
Professeure agrégée, Faculté de médecine
Université de Toronto

Néonatologiste et investigatrice clinique
Hôpital Mount Sinai

Résumé des travaux de recherche des Dres O’Connor et Unger

Chez l’être humain, la période de gestation est d’environ 266 jours. Une grossesse normale dure près de 40 semaines. Les enfants qui naissent avant d’avoir atteint 37 semaines de gestation sont considérés comme prématurés. Leurs organes et leur système immunitaire n’ayant pas terminé leur développement, les enfants prématurés sont extrêmement fragiles et présentent un risque élevé de complications mettant leur vie en danger, notamment des problèmes cardiaques et respiratoires, une hémorragie cérébrale ou une infection. Les naissances avant terme occasionnent aussi des défis alimentaires pour le nourrisson.

Les enfants prématurés, qui comptent parmi les patients les plus vulnérables au Canada, bénéficient grandement des nombreux bienfaits du lait maternel. Cet aliment fournit les éléments nutritifs nécessaires à la croissance et au développement optimal de l’appareil gastro-intestinal et des systèmes nerveux et immunitaires, garants d’un taux de survie élevé. En favorisant la colonisation du tube digestif par des bactéries bénéfiques, par exemple, le lait maternel permet d’amoindrir, voire d’empêcher, les complications gastro-intestinales dangereuses.

La naissance avant terme étant source de complications, elle nuit souvent à la capacité d’allaiter de la mère. Autrefois, la seule solution de rechange consistait à donner aux nourrissons une préparation à base de lait de vache. Cependant, les experts en conviennent : rien ne peut remplacer la combinaison naturelle de substances nutritives et bioactives que l’on trouve dans le lait maternel.

Pour aider les mères incapables de donner suffisamment de lait, les Dres Deborah O’Connor et Sharon Unger ont consacré leur carrière à la recherche de moyens plus efficaces de produire une quantité suffisante de lait humain. Elles sont devenues des chefs de file des soins aux enfants prématurés, en particulier dans le domaine de la nutrition des nourrissons de très faible poids à la naissance.

Leurs études cliniques, leurs travaux de recherche et la banque de lait qu’elles ont mise sur pied, ainsi que leur capacité à créer des réseaux et à coordonner les efforts ont permis d’aider ces petits êtres extrêmement fragiles non seulement à survivre, mais à vivre longtemps et en santé.

Le lancement de la banque ontarienne de lait maternel Rogers Hixon, une collaboration entre l’Hôpital pour enfants de Toronto, le Centre des sciences de la santé Sunnybrook et l’Hôpital Mount Sinaï, a été le point culminant d’un effort concerté visant à fournir aux unités de néonatalogie un approvisionnement sûr en lait humain sain, riche en immunoglobulines, en hormones et en facteurs de croissance.

Traité avec les plus grandes précautions, le lait des donneuses est pasteurisé – une technique empruntée à l’industrie laitière – et soumis à des normes de sécurité et d’innocuité rigoureuses. Distribué sur ordonnance aux nourrissons de très faible poids à la naissance, le lait humain ainsi conservé a aidé à sauver d’innombrables petites vies.

Ces innovations en matière d’approvisionnement en lait humain pour les nourrissons de très faible poids donnent des résultats encourageants. Ce travail essentiel n’est toutefois pas terminé.

Du financement pour faire progresser la nutrition des nourrissons de très faible poids à la naissance

Les Dres O’Connor et Unger ont déjà collaboré à trois autres projets portant sur l’utilisation du lait maternel dans les unités de soins intensifs néonatals. L’étude DoMINO (don de lait pour l’amélioration du neurodéveloppement) portait sur la valeur du lait maternel comparée à celle des préparations pour nourrisson, lorsque la mère ne peut pas produire suffisamment de lait. Cette étude a été suivie du projet microDoMINO (microbiome, communauté microbienne intestinale et activités métaboliques potentielles), qui a permis d’examiner des échantillons de selles pour vérifier la santé intestinale des nourrissons de très faible poids à la naissance.

Plus récemment, elles ont lancé le programme de recherche OptiMoM (optimisation du lait maternel pour les enfants prématurés). Ce programme comprend trois essais contrôlés randomisés et œuvre en parallèle au renforcement des capacités de recherche en nutrition néonatale au Canada. Pour ce faire, il mise sur la formation d’un grand nombre de diplômés et de boursiers provenant de domaines interdisciplinaires et sur l’expansion d’un partenariat entre unités de soins intensifs néonatals capables de tester et de mettre efficacement en œuvre des stratégies nutritionnelles. Les études de base portent sur les résultats chez les patients d’âge préscolaire de l’étude DoMINO, la dose optimale de supplément de protéines, et le projet d’un fortifiant à base de lait maternel.

Avec leur plus récente initiative, MaxiMoM (maximisation du lait maternel pour les enfants prématurés), les Dres O’Connor et Unger entendent tirer parti du succès de leurs précédents projets de recherche pour élaborer des lignes directrices en matière de nutrition des nourrissons de très faible poids à la naissance, et des protocoles nationaux pour une manipulation et une pasteurisation du lait humain, de manière à conserver les éléments nutritifs et bioactifs.

Actuellement à la tête d’une équipe multidisciplinaire regroupant plus de 20 unités de néonatalogie, les Dres O’Connor et Unger sont à l’avant-garde de l’innovation en matière de soins nutritionnels pour les enfants prématurés. Elles se sont imposées internationalement comme des leaders dans la mise au point de méthodes d’optimisation du lait humain pour les nourrissons de très faible poids à la naissance, et plusieurs générations de prématurés grandissent aujourd’hui en santé grâce à leurs travaux.

À propos des chercheuses

La Dre Deborah O’Connor a obtenu un doctorat en philosophie de l’Université de l’Illinois, après avoir terminé une maîtrise en sciences. Elle est professeure titulaire au Département des sciences de la nutrition de la Faculté de médecine de l’Université de Toronto, et diététiste et scientifique principale associée du programme de physiologie et de médecine expérimentale de l’Institut de recherche de l’Hôpital pour enfants de Toronto. 

La Dre Sharon Unger a obtenu son doctorat en médecine de l’Université Dalhousie avant de se spécialiser en médecine néonatale et périnatale à l’Université de Toronto. Elle est aujourd’hui professeure agrégée à la Faculté de médecine de l’Université de Toronto et investigatrice clinique (en pédiatrie) à l’Hôpital Mount Sinaï. Elle agit également comme directrice médicale de la banque ontarienne de lait maternel Rogers Hixon.

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