Dre Zabrina Brumme

En quête du prévisible dans l'imprévisible 

Professeure adjointe à l'Université Simon Fraser et titulaire d'une bourse de nouveau chercheur des IRSC

« Je lui voue un certain respect… si tant est qu'on puisse utiliser ce terme », explique la Dre Zabrina Brumme, professeure adjointe à la Faculté des sciences de la santé de l'Université Simon Fraser. « C'est un organisme incroyablement adaptable, lui qui n'en est pas véritablement un », dit-elle en parlant du VIH-1. Cette faculté de transformation et d'adaptation est justement au cœur de ses recherches.

Le VIH est un mutant particulièrement rusé, changeant d'apparence et éludant le système immunitaire en se reproduisant, un phénomène dit d'évasion « immunitaire » ou « mutationnelle ». Non seulement cela se produit-il chez l'individu, mais les souches de VIH varient au gré des populations et même au fil du temps. Quand il est question de mise au point de vaccins, le VIH est une cible mouvante.

Cependant, il y a des limites à la faculté de mutation du virus, qui doit conserver des zones cruciales de ses gènes pour survivre, fonctionner et se reproduire dans le corps humain. Forte d'une bourse de nouveau chercheur des IRSC et d'un laboratoire de niveau 3 tout neuf à l'Université Simon Fraser, la Dre Brumme travaille à repérer ces zones génétiques cruciales en répliquant le VIH in vitro. « L'une des stratégies employées pour mettre au point un vaccin contre le VIH est de cibler des zones génétiques précises du virus d'où il est très difficile de s'évader par mutations, explique la Dre Brumme. Nous voulons savoir ce que sont ces zones cruciales du virus, quel est le talon d'Achilles du VIH. » En connaissant les gènes cruciaux du VIH-1, ceux qui créent des vaccins sauront quels gènes cibler.

Un autre volet des recherches de la Dre Brumme concerne l'évolution du VIH dans une population au fil du temps. Le VIH devant impérieusement s'adapter devant l'assaut du système immunitaire, deviendra-t-il toujours plus doué dans l'évasion immunitaire? À l'aide d'échantillons de VIH prélevés en Amérique du Nord à la fin des années 1970 et au début des années 1980 en début d'épidémie, la Dre Brumme étudie l'évolution des gènes du VIH. Les premiers résultats semblent indiquer que le virus qui circule de nos jours diffère légèrement de celui qui circulait en Amérique du Nord durant les années 1970, ce qui donne à penser que le VIH devient plus habile à esquiver les défenses immunitaires alors que se poursuit l'épidémie. Elle insiste cependant sur le fait qu'il s'agit de différences minimes et que cela nuira vraisemblablement peu à l'efficacité du vaccin contre le VIH.

La Dre Brumme est animée par l'amour de la science et ce virus à la fois simple et remarquablement doué qu'est le VIH. Elle est reconnaissante envers ses mentors de l'avoir aiguillée vers une carrière en recherche. « Ils connaissaient mieux que moi mon potentiel de chercheuse. Ils m'ont dit : « Nous pensons que tu as le talent et nous t'encourageons à continuer  ». Maintenant que je suis de l'autre côté du pupitre, je comprends l'importance des mentors. » En tant que professeure adjointe, la Dre Brumme les remercie en accueillant dans son laboratoire des étudiants du primaire au niveau postdoctoral et en formant de futurs chercheurs.

« Outre l'aide de mes mentors, celle des IRSC a été absolument essentielle à mon cheminement professionnel jusqu'à maintenant », explique la Dre Brumme. « Les IRSC m'ont soutenue durant ma formation doctorale et postdoctorale et m'appuient dans mes recherches en cours au moyen de subventions de fonctionnement et d'une bourse de nouveau chercheur. »

La Dre Brumme entrevoit un brillant avenir pour la recherche au Canada. « Aucun individu, institut ou même pays ne pourra revendiquer à lui seul la découverte d'un vaccin contre le VIH. Toutefois, le Canada est bien placé et jouera un rôle important dans la mise au point d'un vaccin, ce qui donnera vraiment beaucoup de visibilité aux chercheurs canadiens à l'échelle internationale. C'est une époque formidable pour faire de la recherche sur le VIH. »

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