Mesurer l'exposition environnementale - Rapport de l'atelier

Montréal (Québec)
Du 28 au 30 novembre 2011

Table des matières


Résumé

Introduction

L'Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents (IDSEA) des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), en partenariat avec le haut-commissariat de Grande-Bretagne, a organisé un atelier international intitulé Mesurer l'exposition environnementale, qui s'est déroulé du 28 au 30 novembre 2011 à Montréal.

Plus de 60 chercheurs du gouvernement et du milieu universitaire provenant du Canada, du Royaume-Uni et des États-Unis et possédant une expertise dans la mesure des contaminants environnementaux pouvant avoir un effet sur la santé humaine ont participé à l'atelier. Ce dernier visait à faire une synthèse de l'expertise, à déceler les lacunes et à définir les priorités dans ce domaine de recherche, à planifier les futures collaborations en recherche et futurs partenariats interdisciplinaires et à discuter de l'élaboration de nouvelles méthodes de mesure.

Les thèmes abordés lors de l'atelier sont les questions de mesure, la synthèse des données sur l'exposition à l'environnement et les perspectives technologiques. Les présentations ont donné le coup d'envoi à des discussions animées en plénière et en petits groupes. L'atelier s'est conclu par des discussions sur les priorités et les possibilités à venir.

Priorités et possibilités

Les participants à l'atelier ont relevé plusieurs secteurs prioritaires sur lesquels il faut se pencher pour améliorer les mesures de l'exposition environnementale dans le cadre de la recherche sur la santé humaine au Canada. Ils ont également suggéré des moyens de favoriser la collaboration, tant à l'échelle nationale qu'internationale, et des sujets spécifiques de recherche futurs.

Capacité : Les participants ont insisté sur la nécessité de soutenir le travail du Canada dans ce domaine en faisant la promotion de l'utilité de la recherche et des études à long terme sur la salubrité de l'environnement auprès des responsables des politiques et du public, et en faisant appel à des bailleurs de fonds non traditionnels qui ont des intérêts de recherche convergents. Ils ont suggéré de renforcer les capacités du Canada en matière de toxicologie et d'analyse de données environnementales complexes par la création d'un centre d'expertise et par une attention particulière accordée aux façons de recruter de jeunes chercheurs.

Harmonisation : Une question souvent mentionnée au cours de l'atelier est la nécessité d'harmoniser les plans d'étude, les méthodologies et la collecte, le stockage et l'analyse de données, ainsi que d'établir des liens entre les études et les données existantes, lorsque cela est possible.

Nouvelles technologies : Les participants reconnaissent l'importance de promouvoir la création et l'utilisation de nouvelles technologies pour recueillir et analyser des données, notamment des capteurs mobiles peu coûteux mesurant l'exposition individuelle, des technologies d'imagerie, des systèmes d'information géographique, la téléconsultation et les médias sociaux, de même que les technologies sans fil.

Plans d'étude et méthodologies : L'importance de faire participer les responsables des politiques et les utilisateurs finaux au processus d'établissement des priorités et à la conception d'études a été soulignée. On a également suggéré que soient lancées des études de validation de principes et que soit encouragé le recours à des évaluations d'échantillons biologiques très sensibles, peu coûteuses et nécessitant un faible volume d'échantillon en vue de réduire les coûts.

Données : Parmi les autres priorités déterminées au cours de l'atelier, notons le besoin d'améliorer la qualité des données utilisées pour la modélisation et la validation, d'encourager la modélisation dans la population, de l'optimiser, et d'augmenter la capacité de couplage, d'analyse et de stockage des données (p. ex. procédures d'assurance et de contrôle de la qualité, expertise dans le domaine de la bioinformatique).

Collaboration : L'amélioration de la collaboration et de la communication de l'information et des pratiques exemplaires au-delà des disciplines et des secteurs, tant au Canada qu'à l'étranger, a été définie comme une priorité de la plus haute importance. Les participants ont suggéré de lancer des travaux de recherche concertée visant à tirer parti des données issues d'études existantes et à se doter d'une infrastructure méthodologique. Le besoin de promouvoir la collaboration entre les responsables des politiques et les chercheurs du domaine de la santé publique, les épigénéticiens, les modélisateurs et les chercheurs de diverses disciplines (p. ex. par l'entremise de possibilités d'échanges étudiants ou de subventions d'équipe et de formation) a également été souligné.

Sujets d'étude : Les participants ont choisi les domaines prioritaires qui suivent pour la recherche à venir :

  • associations avec les maladies infectieuses, les maladies chroniques et la santé mentale;
  • personnes et les populations vulnérables;
  • vulnérabilité individuelle;
  • interventions;
  • organismes biologiques capables d'accumuler ou d'absorber des polluants;
  • nouvelles molécules et questions d'actualité relativement à de nouvelles substances;
  • degrés d'exposition;
  • biomarqueurs de l'exposition à long terme et cumulative;
  • exposition à des produits chimiques dont la demi-vie est courte ou qui sont présents dans de nombreux milieux, ou encore à des mélanges contenant plusieurs substances chimiques;
  • sources de contaminants et mécanismes par lesquels ils pénètrent dans l'organisme;
  • facteurs causant des empreintes épigénétiques et façons dont leurs effets néfastes peuvent être atténués;
  • effets des interactions gènes-environnement sur la santé des populations.

Prochaines étapes

L'IDSEA, le haut-commissariat de Grande-Bretagne et d'autres partenaires financiers potentiels ont manifesté leur intérêt envers la création de collaborations, de partenariats et de possibilités de financement dans ce domaine, et poursuivront les échanges afin d'expliciter ces possibilités.

Introduction

Aperçu

L'Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents des Instituts de recherche en santé du Canada a organisé un atelier international intitulé Mesurer l'exposition environnementale, qui s'est déroulé du 28 au 30 novembre 2011 à Montréal. L'événement a été organisé en collaboration avec le haut-commissariat de Grande-Bretagne à Ottawa.

Plus de 60 chercheurs du gouvernement et du milieu universitaire possédant une expertise dans la mesure des contaminants environnementaux pouvant avoir un effet sur la santé humaine ont participé à l'atelier. La plupart des participants étaient du Canada et du Royaume-Uni, mais des scientifiques des États-Unis y ont aussi assisté.

Objectifs

L'atelier avait cinq objectifs principaux :

  1. synthétiser l'expertise en recherche ayant trait à la mesure de l'exposition aux contaminants environnementaux chez les populations humaines, qui est actuellement dispersée, tant au niveau géographique qu'au niveau des disciplines;
  2. déterminer les lacunes et les priorités de la recherche actuelle;
  3. discuter de domaines de recherche potentiels et de la synergie entre les différentes disciplines de recherche;
  4. offrir un forum pour échanger sur la mise au point de nouvelles méthodes d'analyse;
  5. réseauter et planifier de futures collaborations et de futurs partenariats.

Format

Le programme de l'atelier s'articule autour de trois séances, soit les questions de mesure, la synthèse des données sur l'exposition à l'environnement et les perspectives technologiques. Au début de chaque séance, trois ou quatre présentations d'experts ont servi d'introduction à une période de questions et à une séance de remue-méninges en petits groupes, qui ont stimulé la créativité des participants au sujet des enjeux, des priorités et des possibilités à venir.

Les conférenciers ont fourni des indications intéressantes sur des questions relatives à l'impact de l'exposition environnementale sur la santé humaine, à l'évaluation de l'exposition et aux leçons tirées d'études longitudinales.

Rapport

Le présent rapport est une synthèse des résultats des travaux et des discussions plénières et en petits groupes sur les priorités de recherche, les possibilités de collaboration et les prochaines étapes en matière de mesure de l'exposition à des contaminants environnementaux. L'IDSEA compte l'utiliser pour repérer des possibilités de partenariats et de subventions intéressantes.

Des efforts ont été déployés pour normaliser le format des commentaires écrits par les participants et transcrits de feuilles de travail électroniques et physiques, de façon à améliorer la fluidité et la lisibilité du présent document. Les mots originaux ont toutefois été conservés, dans la mesure du possible, pour veiller à ce que le sens ne soit pas changé.

Chaque présentation a été brièvement résumée dans le présent document, et les présentations PowerPoint sont disponibles auprès de l'IDSEA. Les principales questions posées et les principaux commentaires formulés au cours des discussions plénières suivant chacune des présentations et des séances en petits groupes figurent à l'annexe III Principaux points de discussion.

Mots de bienvenue

Dans son mot de bienvenue, le Dr Michael Kramer, directeur scientifique de l'IDSEA, a remercié le consul général de Grande-Bretagne à Montréal pour avoir communiqué avec l'Institut au sujet de possibles collaborations sur l'exposition environnementale et la santé humaine. Cet atelier constituait une occasion importante pour le Canada et le Royaume-Uni d'aborder deux questions fondamentales : comment mesurer l'exposition environnementale de façon économique et scientifiquement rigoureuse, et ce qui doit être fait pour concrétiser cette idée.

Le Dr Kramer a également expliqué que les menaces existantes et nouvelles pour la santé étaient une priorité stratégique des IRSC, et que l'IDSEA avait déjà financé des études sur l'impact de la qualité de l'air intérieur sur des facteurs génétiques et des modulateurs endocriniens sur la santé reproductive. Il a mentionné que la présence d'autres instituts des IRSC à l'atelier – l'Institut du cancer, l'Institut de la santé des femmes et des hommes, l'Institut de génétique, l'Institut des maladies infectieuses et immunitaires, l'Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète et l'Institut de la santé publique et des populations – témoignait de l'intérêt de l'organisme envers ce domaine de recherche. Finalement, il a remercié tous ceux qui ont participé à l'organisation et au déroulement de l'atelier, qu'il espère être un prélude à de futures collaborations en recherche.

Patrick Holdich, le consul général de Grande-Bretagne, a souhaité la bienvenue aux participants au nom du gouvernement britannique et plus particulièrement du Science and Innovation Network, réseau mondial regroupant près de 100 spécialistes en sciences qui vise à favoriser la collaboration entre les pays. Il a mentionné que les thèmes de l'atelier, les sciences de la santé et la recherche sur l'environnement, recoupaient deux des priorités du réseau, et a souligné l'importance d'adopter une approche transversale et collaborative dans ces domaines.

Par ailleurs, M. Holdich a mentionné que ses collègues du haut-commissariat de Grande-Bretagne et lui voulaient que cet atelier s'inscrive dans un processus visant à atteindre les objectifs d'une déclaration conjointe signée par les premiers ministres du Canada et du Royaume-Uni à Ottawa deux mois auparavant, qui reconnaissait et encourageait le travail conjoint, particulièrement dans le domaine de la recherche en santé. Il a exprimé sa gratitude envers le Dr Kramer et son équipe pour leur engagement et leur enthousiasme, et envers ses collègues du Royaume-Uni pour leur participation.

Conférence principale

L'évaluation des expositions aux contaminants environnementaux, l'état des connaissances et les besoins en recherche

- Martin Williams, Groupe de recherche sur l'environnement dans les politiques scientifiques, King's College, Londres

Principaux points

  • Les moniteurs stationnaires (MS) représentent la façon la plus courante de mesurer l'exposition extérieure; cependant, cette mesure est compliquée par le fait que les gens se déplacent.
  • D'un point de vue longitudinal, il y a une bonne corrélation entre les mesures des MS et l'exposition individuelle (mesurée au moyen d'appareils portables).
  • Malgré l'attrait des mesures des expositions individuelles, les MS peuvent offrir des mesures très complexes et détaillées, particulièrement de la chimie de l'atmosphère et de la composition particulaire.
  • La présence d'éléments de mesure de la matière particulaire (MP) dans les appareils individuels est un objectif.
  • Les problèmes rencontrés avec les appareils portables sont notamment les coûts et la durée de vie limitée des piles.
  • Il est impossible de quantifier l'exposition uniquement à l'aide de mesures; le recours à des modèles est également nécessaire.
  • Il existe certains problèmes à l'étude des répercussions de la MP :
    • Quels sont les éléments nocifs du mélange particulaire?
    • Quelles sont les sources principales?
    • Comment les personnes y sont-elles exposées?
    • Quelles interventions stratégiques pourraient améliorer la situation?
  • La question du temps moyen est importante, car les effets sur la santé peuvent se rapporter à différentes durées d'exposition. Il ne faut jamais mentionner une concentration sans préciser le temps moyen d'exposition.
  • Il faut tenter d'adopter la transition vers de plus petites échelles spatiales en modélisation, et recourir à des modèles hybrides spatio-temporels pour calculer les expositions individuelles réelles.
  • Les objectifs comprennent la réaction plus rapide, la précision, l'exactitude et la spécificité des appareils individuels.
  • En fin de compte, une évaluation plus précise de l'exposition est synonyme de meilleures politiques de contrôle.

Séance 1 : Questions de mesure

Présidente : Donna Mergler, Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, la société et l'environnement, Université du Québec à Montréal

Présentations

Sources environnementales d'exposition

- Michael Brauer, École de santé publique et de santé des populations et Département de médecine, Université de la Colombie-Britannique

Principaux points

  • Nous régulons, contrôlons et surveillons les concentrations dans l'environnement, mais pas l'exposition.
  • Les mesures environnementales sont nécessaires, mais insuffisantes. L'aspect comportemental doit également être étudié.
  • Les biomarqueurs sont importants, mais l'interprétation des données nécessite des mesures environnementales.
  • Une meilleure évaluation de l'exposition comporte des avantages.
  • La compréhension des déterminants de l'exposition peut entraîner une diminution de l'exposition et des risques.
  • Orientations futures :
    • accent sur la surveillance individuelle;
    • nanocapteurs;
    • meilleure compréhension de l'exposition, qui est en retard par rapport à la compréhension de l'influence de la génétique sur la maladie;
    • liens avec l'information génétique et les biomarqueurs pour éclairer la gestion des risques individuels.

Mesurer et interpréter les biomarqueurs d'exposition

- Jay Van Oostdam, conseiller en épidémiologie, Bureau de la surveillance des substances chimiques, Santé Canada

Principaux points

  • L'Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) est représentative.
  • Il n'y a aucune limite méthodologique, puisque les méthodes évoluent rapidement.
  • Comme les méthodes évoluent rapidement, il faut s'assurer que les données seront comparables aujourd'hui, mais aussi dans le futur.
  • L'assurance de la qualité et le contrôle de la qualité (AQ/CQ) sont essentiels. On devrait envisager les tests comparatifs inter-laboratoires comme une façon de procéder.
  • L'interprétation est importante.

Périodicité et fréquence de la mesure de l'exposition dans les études longitudinales

- Kees de Hoogh, Imperial College, Londres

Principaux points

  • Le projet ESCAPE (European Study of Cohorts for Air Pollution Effects) étudie les effets de l'exposition à long terme à la pollution atmosphérique sur la santé humaine en Europe :
    • Les oxydes d'azote et les poussières fines ont été mesurés à différents endroits en Europe, et un modèle de régression en matière d'utilisation des sols (land use regression, LUR) a été utilisé pour modéliser la présence de polluants à une petite échelle spatiale.
    • Les chercheurs ont recours à la rétro-extrapolation pour prédire les niveaux de polluants qui se trouvaient dans l'air à une époque antérieure.
    • Les preuves portent à croire que le modèle LUR est efficace pour prédire les variations à petite échelle.
    • Des comparaisons sont effectuées entre le modèle LUR et les modèles de dispersion utilisés dans certaines zones d'étude du projet ESCAPE afin de mieux en comprendre les différences.
    • Un modèle commun européen d'une résolution de 100 m est actuellement en cours d'élaboration à l'aide de données sur les routes et de données satellites exactes.
  • Une étude cas-témoin appariée a été réalisée à partir de registres pour évaluer le lien entre la proximité aux stations de base cellulaires et l'incidence du cancer chez les enfants de zéro à quatre ans en Grande-Bretagne entre 1999 et 2001 :
    • Trois mesures d'exposition ont été estimées pour chaque adresse où vivaient les enfants à la naissance : distance (en mètres) de la station de base cellulaire la plus près; puissance totale (en kW) de toutes les stations de base se trouvant dans un rayon de 700 m; densité modélisée de puissance (en mW/m2) calculée à chaque adresse pour les stations de base se trouvant dans un rayon de 1 400 m, à l'aide d'un modèle de propagation tridimensionnel.
    • Le modèle a été calibré et validé à l'aide de mesures de la densité de puissance prises sur le terrain aux alentours de stations de base situées dans des zones urbaines, suburbaines et rurales.
    • Aucun lien n'a été établi entre le risque de cancer chez les enfants et la proximité à une station de base cellulaire pendant la grossesse.

Discussion avec le groupe d'experts

Les trois experts de cette séance ont participé à une discussion au cours de laquelle ils ont exprimé leur opinion sur les limites de diverses méthodes de mesure pour étudier les liens entre l'exposition environnementale et les effets sur la santé. Ils ont formulé les commentaires qui suivent :

  • L'efficacité de la surveillance de la pollution atmosphérique est limitée en ce qui concerne les effets d'expositions de très courte durée (p. ex. bouffée de gaz d'échappement à un arrêt d'autobus).
  • Les méthodes existantes sont efficaces lorsqu'il s'agit de surveiller l'exposition à des produits chimiques persistants, mais pas l'exposition à des produits chimiques qui demeurent dans l'organisme pour une plus courte période.
  • Il peut y avoir plus d'une voie d'exposition pour une seule source. Bien que certains facteurs se chevauchent (p. ex. pollution atmosphérique et bruit dus à la circulation automobile) pour les mêmes effets, d'autres ont des effets indépendants sur la santé.
  • Il est difficile de faire une extrapolation rétrospective sur une longue période en raison des changements qui se sont produits avec le temps (p. ex. débit de circulation, composition, routes), ce qui crée une perte de confiance.
  • La liste des anciens lieux de résidence est importante.
  • La technologie d'analyse par satellite ne permet pas de mesurer l'exposition au niveau du sol pour la concentration de la pollution extérieure en temps quasi réel. L'efficacité des estimations satellitaires est optimale lorsqu'elles sont associées à des modèles de transfert chimique.
  • On ne peut se fier aux satellites pour prendre des mesures quotidiennes, car ils ne peuvent recueillir des données que par beau temps. Les modèles de dispersion, en revanche, permettent de créer des cartes quotidiennes ou horaires de la pollution atmosphérique en temps réel.
  • La variabilité constatée d'un laboratoire à l'autre est un sujet de préoccupation : nous nous devons d'être plus critiques à l'égard des données que nous recevons.
  • Nous devons examiner de plus près l'importance relative des changements de comportement dans la réduction des expositions.
  • Les méthodes spatiales conviennent bien dans le cas des sources extérieures et des polluants atmosphériques et sont à l'étude pour trouver d'autres applications possibles (p. ex. bruit, champs électriques et magnétiques, sous-produits de la chloration dans l'eau).
  • Il faut élaborer de meilleures méthodes pour examiner la totalité des sources, par exemple en conjuguant diverses approches.
  • Les évaluations de l'exposition à différents milieux sont importantes. Nous devons connaître les nouveaux produits chimiques et savoir sur lesquels nous devons nous concentrer.
  • Il n'y a pas de consensus dans le milieu de la recherche à propos de la caractérisation des biomarqueurs ou des biosignatures comme étant fiables ou problématiques. De nombreux types d'exposition environnementale ne peuvent toujours pas être cernés par le recours à ces méthodes.
  • L'utilisation de téléphones cellulaires pour la collecte de données est problématique, non pas à cause du potentiel de la technologie, mais plutôt de la nécessité d'inciter les gens à l'utiliser.
  • Bien que les biomarqueurs d'effet puissent générer certains renseignements, les renseignements relatifs à la source sont aussi essentiels.

Séance 2 : Synthétiser les données sur l'exposition à l'environnement

Présidente : Carol Dezateux, directrice, Centre d'épidémiologie en santé infantile du MRC, Institut de la santé infantile, University College, Londres

Présentations

Combiner les données des sources environnementales et des biomarqueurs

- Bruce Lanphear, professeur en santé environnementale des enfants, Université Simon Fraser

Principaux points

  • Les biomarqueurs peuvent :
    • réduire les occurrences de classification erronée des expositions et la taille des échantillons nécessaires à la réalisation de recherches;
    • améliorer les mesures des doses biologiques efficaces;
    • augmenter la force d'association estimée;
    • permettre d'étudier les effets à des niveaux moins élevés et, s'il y a lieu, permettre de poursuivre les efforts de prévention ou la thérapie.
  • Limites des biomarqueurs :
    • peu sont entièrement validés;
    • une consultation en personne est nécessaire;
    • les coûts limitent souvent la taille de l'étude;
    • ils ne sont qu'une approximation de la dose biologique efficace;
    • grande variabilité des nouveaux contaminants.

Affiner l'évaluation de l'exposition aux polluants organiques persistants avec l'utilisation d'un modèle physiologico-pharmacocinétique

- Sami Haddad, professeur agrégé, Département de santé environnementale et de santé au travail, Université de Montréal

Principaux points

  • La modélisation physiologico-pharmacocinétique permet d'obtenir d'autres renseignements sur l'exposition interne (p. ex. différents moments au cours de la vie, tissus cibles, fraction toxique du composé d'origine ou du métabolite toxique).
  • Combinaison de simulations faisant appel à la modélisation et d'analyses statistiques épidémiologiques :
    • accroissement de la sensibilité de la recherche de liens exposition-effets;
    • détermination de la relation dose-effet en fonction de l'âge rendue possible (p. ex. type de seuil : surface sous la courbe et pic de concentration);
    • identification possible de périodes où la susceptibilité est accrue (facilite la compréhension des mécanismes de l'apparition des effets nocifs).
  • Cette approche peut être appliquée à d'autres substances chimiques, mais pourrait être plus difficile à appliquer dans le cas de produits qui sont moins stables chimiquement.
  • Des données longitudinales sont nécessaires pour faire la validation du modèle chez les adultes.

Harmonisation des résultats de santé et des données relatives aux facteurs de risque dans toutes les études

- Isabel Fortier, directrice, Recherche et développement, Consortium P3G

Principaux points

  • Les processus d'harmonisation et d'intégration sont nécessaires à la comparaison ou à l'intégration valable des données provenant de différentes études ou bases de données.
  • Le succès des efforts d'harmonisation dépend de :
    • la qualité des données des études;
    • l'accès aux données recueillies;
    • la rigueur des processus d'harmonisation et d'intégration.
  • L'harmonisation pose des défis particuliers sur les plans éthique, juridique, scientifique et technique.
  • Des efforts devraient être déployés pour élaborer des normes, des méthodes et des ressources à l'appui des programmes d'harmonisation.

Discussion avec le groupe d'experts

Les experts se sont réunis pour discuter de questions relatives à la synthèse de données. La présidente de la séance a remarqué que l'hétérogénéité des études et des plans d'études, bien qu'elle soit problématique, pourrait contribuer à l'augmentation de la quantité de données probantes sur les expositions environnementales et leurs effets sur la santé humaine. Elle a également suggéré de réfléchir à des façons dont les études actuelles pourraient ajouter de la valeur aux études passées. Voici les principaux commentaires formulés lors de la discussion :

  • Certaines questions de recherche nécessitent des réponses détaillées, tandis que d'autres ne requièrent qu'un « oui » ou un « non ». Il est important de permettre aux chercheurs d'élaborer leurs propres normes et de ne pas imposer de mesures communes aux cohortes du monde entier.
  • Le recours à une valeur moyenne pour toute une population peut ouvrir la porte à une grande marge de variabilité (p. ex. présence de mercure dans les cheveux). Il est important de comprendre les raisons de cette variabilité et de les modéliser.
  • Il est important de faciliter la communication d'information d'une étude à l'autre afin que les personnes responsables de constituer les cohortes puissent hausser les normes dès le début plutôt que de s'adapter au plus petit dénominateur commun plus tard. Parmi les outils utiles dans cette optique, mentionnons le catalogue du P3G et PhenX Toolkit.
  • Un certain nombre de collaborations internationales rassemblent des cohortes pour étudier des résultats précis (p. ex. UK Data Archive rassemble les données de différentes études en utilisant une méthode internationale de gestion des métadonnées; l'Organisation mondiale de la Santé a lancé une initiative visant à harmoniser les cohortes d'enfants qui participent à des études relatives à l'environnement).
  • L'harmonisation des mesures des résultats pose un défi.
  • Le couplage des données relatives entre autres au recensement, à la mortalité et à l'utilisation des soins de santé offre un grand potentiel de recherche. La collecte d'information pour le recensement devrait comprendre des questions stratégiques sur la santé qui seraient utiles pour évaluer les expositions.
  • Une harmonisation des registres provinciaux est nécessaire.
  • Le Canada n'est pas parvenu à suivre le rythme des tendances en épidémiologie et devra aborder la surveillance de façon plus globale.
  • Les études sur les adultes sont importantes, mais la recherche sur les enfants permet d'étudier les enjeux de demain.
  • Le couplage de données longitudinales à des enquêtes transversales en série qui incorporent des mesures de la santé peut être à la fois utile et économique.

Séance de remue-méninges en petits groupes

Modérateur : Hans Schleibinger, Conseil national de recherches du Canada

Les participants se sont divisés en petits groupes, dont chacun devait aborder les défis propres à l'un des quatre domaines suivants : l'étude des sources d'exposition liées à l'environnement, la mesure des biomarqueurs, l'épidémiologie et la biostatistique, ou le sexe et le genre. Le résultat de leurs discussions est résumé ci-dessous.

1. Défis de l'étude des sources d'exposition liées à l'environnement

  • Comment gérons-nous les expositions très aiguës qui ont tendance à être très hétérogènes dans le temps et dans l'espace? Est-ce un sujet de préoccupation, et comment pourrait-il être évalué de façon continue?
  • Comment élaborons-nous des évaluations rétrospectives de l'exposition (p. ex. le cancer et la maladie de Parkinson ont de longues périodes de latence, et nous ne disposons pas de la capacité nécessaire pour étudier cette question)? Une façon de faire pourrait être le recours à des « archives » écologiques (comme des lichens ou des diatomées). En Amazonie, des chercheurs sont parvenus à remonter le temps en étudiant le mercure présent dans des sédiments.
  • Du côté humain, beaucoup d'autres renseignements qui ne sont actuellement pas bien archivés pourraient être disponibles, par exemple sur les changements dans les habitudes de déplacement, l'utilisation des sols, les produits de consommation ou d'autres éléments.
  • De nombreuses études sur l'exposition à la pollution atmosphérique n'ont pas été rendues publiques, et il n'existe aucun mécanisme permettant de communiquer les renseignements sur l'exposition recueillis sur une personne ou dans une maison pour des raisons éthiques. Nous ne disposons pas de l'infrastructure institutionnelle nécessaire pour aborder ce problème.
  • Nous devons laisser un héritage pour faire en sorte que dans 20 ans, ceux qui nous suivront ne se trouvent pas confrontés aux mêmes problèmes par rapport aux expositions rétrospectives. Pour commencer, nous devrons avoir accès à des listes complètes des anciens lieux de résidence.
  • La différence entre environnement intérieur et environnement extérieur est aussi un problème. En effet, il est beaucoup plus difficile d'étudier les environnements intérieurs à l'échelle des populations, car les comportements à l'intérieur varient beaucoup d'un foyer à l'autre. L'une des stratégies pour s'attaquer à ce problème serait l'utilisation des données sur l'impôt foncier issues des dossiers des parcelles cadastrales (p. ex. renseignements sur le type de chauffage utilisé).
  • Il existe une foule de possibilités d'obtenir plus de renseignements sur les habitudes d'achats de la population par l'entremise des détaillants, qui en font notamment la collecte grâce aux cartes d'achat. Aux États-Unis, certains d'entre eux ont été forcés de fournir l'information recueillie à des chercheurs en santé publique qui tentaient de mieux comprendre les habitudes alimentaires. D'autres produits de consommation pourraient également être visés.
  • Il existe beaucoup d'autres possibilités d'utiliser des capteurs dans des téléphones cellulaires ou d'autres appareils que les gens transportent régulièrement avec eux pour analyser l'effet de la chronologie des activités et des habitudes de déplacements. La plupart des grandes municipalités recueillent des données sur les signaux cellulaires, mais les chercheurs en santé n'y ont pas accès.

2. Difficultés liées à la mesure des biomarqueurs

  • La prise en compte de l'étape du cycle de vie pose un défi.
  • Nous devons élaborer des techniques et des méthodes non effractives de biosurveillance (p. ex. cheveux, gouttes de sang séché, dents) s'appliquant à des études à grande échelle. Ces techniques offrent aussi certains avantages par rapport à l'entreposage d'échantillons.
  • En ce qui concerne les aspects de l'exposition à inclure dans le protocole de collecte de données, les pointes d'exposition pourraient être plus importantes que les moyennes à long terme.
  • De grandes quantités de matériel sont nécessaires pour mesurer les concentrations de contaminants et analyser les échantillons biologiques; cependant, les biobanques sont coûteuses, et il est difficile de hiérarchiser les analyses lorsqu'on dispose d'un approvisionnement limité d'échantillons.
  • Il existe un risque de contamination lors du processus de collecte d'échantillons (et lors de l'analyse en laboratoire) lorsque ceux-ci sont exposés à l'environnement.
  • La possibilité de recourir à la formation d'adduits pour évaluer l'exposition à certains composés devrait être étudiée plus en profondeur.
  • Nous avons besoin d'une série d'échantillons dont les concentrations varient.
  • Les études de cohortes sur l'exposition environnementale sont difficiles à réaliser sur le plan scientifique en plus d'être coûteuses.
  • Cet atelier devrait recommander l'élaboration de procédures de fonctionnement normalisées pour la collecte de certains types d'échantillons.
  • La tendance générale est à la baisse graduelle du seuil de détection dans le cas de certaines épreuves biologiques (p. ex. le seuil de détection de la cotinine a dû être abaissé).
  • À quel point est-il important d'utiliser les mêmes laboratoires pour travailler sur tous les échantillons? Des études interlaboratoires visant à assurer la comparabilité contribueraient grandement à faciliter la collaboration.
  • Des problèmes d'ordre éthique peuvent survenir lors de l'expédition d'échantillons à l'extérieur du pays.
  • Les échantillons de faible demi-vie sont problématiques.
  • L'étude de groupes vulnérables est rendue plus difficile par le fait que certains groupes ayant subi une forte exposition ont été exposés à une vaste plage d'exposition.
  • Les mesures des effets tendent à être non spécifiques, mais certaines voies d'exposition sont spécifiques à certains systèmes (p. ex. cardiovasculaire).
  • On observe une tendance à l'élaboration d'études de cohortes à grande échelle, mais peu d'efforts ont été déployés pour arriver à déterminer la meilleure façon d'affecter les ressources et de concevoir les études. Nous devons trouver une façon d'inciter les experts à répondre aux questions de conception.
  • Lorsqu'il est question de biomarqueurs, nous parlons non seulement de mesures chimiques, mais aussi de protéomique et de génomique, donc la question de l'assurance de la qualité et de contrôle de la qualité doit être précisée et documentée dès le début.

3. Défis dans les domaines de l'épidémiologie et de la biostatistique

  • Les vastes études de cohortes permettent d'aborder de multiples hypothèses, mais nous devrons trouver des moyens d'éviter les faux positifs.
  • Les vastes études de cohortes à grande portée pourraient ne pas avoir accès à suffisamment de renseignements pour neutraliser les effets de facteurs de confusion importants associés à des types d'exposition et leurs effets spécifiques.
  • Nous devons considérer la fréquence et la durée des expositions lors de la conception des études.
    • Nous devrions établir des liens entre le moment de l'exposition et les fenêtres de susceptibilité (possiblement définies par l'étape du cycle de vie, y compris la période prénatale).
    • Dans le cas des maladies chroniques, la fenêtre temporelle critique d'exposition peut se trouver dans le passé lointain (le défi consiste à évaluer l'exposition de façon rétrospective, ou à planifier des études pertinentes à long terme).
    • Nous avons besoin de mesurer l'exposition pour différentes durées et à différents moments pour comprendre la distribution temporelle de l'exposition et du risque.
    • La compréhension des mécanismes biologiques peut aider à élucider les fenêtres temporelles critiques d'exposition.
    • Les études interventionnelles peuvent s'avérer utiles pour comprendre les effets sur la santé de différentes expositions en fournissant des preuves de causalité et non seulement de corrélation.
    • Puisqu'il n'est pas réaliste de faire des prélèvements biologiques répétés sur un même sujet, il pourrait être envisagé de combiner les données de différentes études dans le cadre desquelles des échantillons biologiques ont été prélevés à différents moments.
    • Nous devons faire preuve du plus d'ouverture possible dans le choix de mesures d'exposition pour permettre l'évaluation de nouvelles hypothèses qui pourraient ne surgir que dans le futur.
    • Bien que les études de cohortes prospectives à grande échelle polyvalentes puissent s'avérer extrêmement utiles, il peut être difficile d'obtenir les ressources nécessaires à leur réalisation (pouvons-nous exploiter les données issues d'autres cohortes, notamment de l'extérieur du Canada?).
  • Afin de tenir compte des relations temporelles entre l'exposition et le résultat, nous devrons veiller à ce que des mesures de surveillance adéquates soient en place pour garantir des résultats concrets dans cinq à dix ans.
  • Les chercheurs en milieu universitaire ne peuvent attendre des dizaines d'années avant de publier les premiers résultats de leur étude de cohorte prospective.
  • Comme nous étudions généralement des facteurs ayant des effets multifactoriels sur la santé, il pourrait être difficile d'isoler la contribution environnementale, qui peut varier d'une population à l'autre.
  • Nous avons besoin d'indicateurs sensibles d'exposition pour étudier les effets mineurs sur la santé.
  • Les interactions (environnement-environnement et gènes-environnement) doivent être considérées.
  • De façon générale, il est plutôt difficile d'obtenir de bonnes mesures des expositions environnementales.
    • Les biomarqueurs (mesure directe des contaminants présents dans le sang de cordon ombilical et le liquide amniotique) peuvent fournir des indicateurs précis d'exposition; cependant, des interventions comme l'amniocentèse ne sont pratiquées que de façon plutôt ponctuelle.
    • Des modèles pharmacocinétiques pourraient aussi être employés pour obtenir des mesures plus exactes de la dose tissulaire.
    • Les biobanques pourraient permettre d'entreposer des échantillons jusqu'à ce que des techniques d'analyse appropriées soient mises au point.
    • Il est important de valider les mesures d'exposition utilisées.
    • La plupart des études sur la pollution atmosphérique ont fait appel à des cohortes constituées pour d'autres raisons, ce qui complique la détermination de mesures d'exposition appropriées après coup.
    • Des cohortes variées (comme EPIC, European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) peuvent fournir des gradients d'exposition significatifs, ce qui augmente la sensibilité, même en présence d'une marge d'erreur importante dans la mesure de l'exposition.
    • Une diversité équivalente pourrait également être obtenue en regroupant les données d'autres études de cohortes semblables.
  • Existe-t-il de bonnes méthodes de neutralisation de l'effet des erreurs de mesure de l'exposition qui pourraient aider à interpréter les résultats épidémiologiques?
    • Certaines techniques statistiques, comme l'étalonnage de régression, se sont avérées utiles en épidémiologie environnementale.
    • Le fait de travailler avec de plus petites zones géographiques peut se traduire par de meilleurs indicateurs écologiques d'exposition aux polluants atmosphériques ambiants.
    • Les analyses de sensibilité qui se limitent aux « meilleures » données d'exposition peuvent aider à évaluer l'impact possible des erreurs de mesures de l'exposition.

4. Enjeux relatifs au genre et au sexe biologique

  • Il est important non seulement d'analyser séparément les hommes et les femmes, mais aussi de réfléchir aux mécanismes biologiques et sociaux qui sont en cause.
  • Une perspective axée sur le parcours de vie est nécessaire. Nous n'avons pas tendance à considérer les bébés et les enfants comme des individus sexués, mais des différences importantes relatives au sexe s'opèrent tout au long de la vie.
  • Chacun des deux sexes est sujet à des variations (p. ex. hormones, masse corporelle) tout au long de la vie. Il faut donc non seulement réfléchir aux différences entre les sexes, mais aussi aux mécanismes biologiques qui sont à l'origine de ces différences.
  • La pharmacodynamie et la toxicocinétique varient en fonction du sexe et au cours de la vie. Certaines hypothèses de modélisation peuvent être différentes chez les hommes et les femmes (p. ex. métabolisme), ce qui peut avoir des répercussions sur la façon dont les sujets sont touchés.
  • La « personne typique » n'existe pas.
  • Les mesures de biomarqueurs particuliers doivent être étudiées en fonction du sexe.
  • Même les cellules sont sexuées (à l'exception des globules rouges et des plaquettes).
  • La plus grande partie de la recherche sur des animaux a été effectuée sur des mâles, et les études d'expositions au travail ont aussi été axées sur des professions généralement exercées par des hommes. Les résultats que nous considérons comme « sensibles » sont-ils en fait influencés par le genre? Sommes-nous en train de passer à côté de la moitié de l'histoire?
  • La question du sexe et du genre n'intéresse pas que les féministes : elle est en fait essentielle à l'excellence scientifique.
  • Nous devons considérer le sexe comme étant plus qu'un aspect qui divise le monde en hommes et en femmes.
  • Bien que les règlements doivent tenir compte de la population dans son ensemble, ce qui comprend les personnes les plus vulnérables, des mesures directes requièrent une meilleure connaissance de la relation entre l'environnement et les effets chez les hommes et les femmes tout au long de leur vie.
  • Nous devons repérer les personnes qui continuent de porter le fardeau de la détérioration de l'environnement et les examiner.
  • De nombreuses variables biologiques et sociales caractérisent le sexe et le genre; la nécessité de considérer ces multiples facteurs en même temps pose un défi. Nous devons trouver des façons d'améliorer nos méthodes de recherche pour tenir compte de cette réalité.
  • Les habitudes d'achats ou de déplacements dépendent toutes grandement du genre : il est donc important de considérer les différences propres à ce concept. Il en va de même pour certains biomarqueurs, la norme étant très différente chez les hommes et chez les femmes (p. ex. hémoglobine).
  • À l'avenir, nous devrions tenir compte de la notion de sexe et de genre dans tous nos travaux.

Conférence principale

Contaminants environnementaux et approches écosystémiques de la santé humaine : succès et enjeux

- Jean Lebel, directeur, Agriculture et environnement, Centre de recherches pour le développement international (CRDI)

Principaux points

  • Il est possible que les projets de recherche en écosanté soient trop ambitieux, et les questions de recherche mal définies.
    • Il est nécessaire de consacrer du temps et des efforts à perfectionner les initiatives et à réduire leur ampleur pour qu'elles soient réalisables.
    • Des défauts de conception gênent l'intégration complète de l'analyse des données environnementales, sociales et économiques et des données sur la santé.
  • La démonstration des effets sur la santé peut être difficile.
    • Les expositions sont quantifiées et réduites; les améliorations de la santé ne sont pas toujours faciles à documenter ou correctement documentées.
  • La démonstration de la rentabilité des changements proposés aux politiques ou aux pratiques peut aussi être difficile.
    • Dans l'ensemble, l'analyse économique est absente.
  • Les projets en écosanté susceptibles d'avoir des retombées importantes se déroulent presque toujours à très long terme (p. ex. sur 10 ans).
    • Existe-t-il des possibilités d'amplification nécessitant un investissement plus faible en termes de temps et de coûts?

Séance 3 : Perspectives technologiques

Président : Frank Kelly, Medical Research Council, HPA Centre for Environment and Health

Présentations

Techniques de surveillance de l'exposition environnementale : pleins feux sur la pollution de l'air

- Roderic Jones, professeur en sciences de l'atmosphère, Université de Cambridge

Principaux points

  • Nous travaillons sur des outils d'observation et de modélisation qui étudient la qualité de l'air non seulement dans le contexte actuel, mais aussi dans le contexte futur.
  • Il existe de minuscules capteurs de gaz à faible coût capables de mesurer la matière particulaire avec une sensibilité (parties par milliard) permettant de travailler en milieu urbain.
  • Ces méthodes sont complémentaires aux réseaux de sites fixes.
  • Des expériences sur le terrain montrent une bonne corrélation entre divers capteurs installés dans un même secteur et une bonne répétabilité entre les différentes méthodes de détection.
  • Ces capteurs offrent la possibilité de valider la valeur de l'exposition personnelle obtenue à partir du modèle et non d'identifier des territoires pollués.
  • L'évolution des méthodes tend vers la combinaison de technologies pour constituer un réseau de capteurs sensibles à faible coût. Parmi les applications possibles d'un tel réseau, mentionnons :
    • des évaluations de la qualité de l'air à forte densité de probabilité;
    • l'attribution des sources en milieu urbain;
    • les émissions industrielles.
  • Il serait possible de manufacturer un moniteur individuel d'exposition à divers gaz assez petit pour tenir sur le revers d'un veston. La pile de l'appareil pourrait durer des centaines d'heures si aucun système GPS n'est utilisé.
  • Nous espérons étendre ces technologies à d'autres espèces chimiques (p. ex. l'ozone) et à d'autres environnements (p. ex. à l'intérieur).
  • Aucun renseignement chimique sur la matière particulaire n'est obtenu avec cette méthode : seules des données sur la taille des particules sont recueillies. Nous suggérons la planification d'études spécialisées ayant recours à de nombreux instruments pour déterminer quels indicateurs seraient plus facilement mesurables que les propriétés de la matière particulaire.

Marqueurs protéomiques et métabolomiques de l'exposition à des contaminants environnementaux

- Neil Dalton, professeur de biochimie pédiatrique, King's College, Londres

Principaux points

  • La spectrométrie de masse par électronébulisation / spectrométrie de masse est une technologie puissante d'analyse protéomique et métabolomique.
  • Un profilage métabolique rapide peut être réalisé à l'aide :
    • d'analyses multiples (mode d'ionisation positive ou négative) sur une seule préparation d'échantillon;
    • d'analyses détaillées, d'analyses de classes de composés, et d'analyses quantitatives MRM (multiple reaction monitoring, ou surveillance des réactions multiples).
  • Nous pouvons surveiller la modulation de voies métaboliques précises et les perturbations de mécanismes métaboliques fondamentaux.
  • Un profil protéique ou peptidique rapide peut être obtenu grâce à des méthodes fondées sur la digestion par endopeptidase (trypsine), en faisant appel à des analyses détaillées et des analyses quantitatives MRM.
  • Il est également possible de faire le suivi des modifications protéiques post-traductionnelles ou découlant de l'exposition environnementale et des perturbations de mécanismes métaboliques fondamentaux.
  • Il serait possible d'utiliser des gouttes de sang ou d'urine séchés.

Marqueurs épigénomiques de l'exposition à des contaminants environnementaux

- Moshe Szyf, professeur James McGill de pharmacologie et de thérapeutique, Université McGill

Principaux points

  • Les cellules mitotiques et post-mitotiques, incluant les neurones, sont sensibles à l'environnement et subissent des variations de la méthylation de l'ADN qui peuvent avoir des répercussions sur la santé; en plus des embryons, le cerveau adulte et les organes matures pourraient être touchés.
  • Le concept d'environnement devrait être compris dans sa définition la plus large (c.-à-d. pas seulement les produits chimiques).
  • La variation de la méthylation de l'ADN pourrait avoir une incidence à long terme indétectable par les études toxicologiques traditionnelles et être transmise aux générations futures.
  • Il est possible d'effectuer un criblage des expositions environnementales pour détecter des effets épigénétiques in vitro et in vivo; de nouvelles politiques de réglementation devraient être envisagées.
  • Les variations de la méthylation de l'ADN peuvent toucher l'ensemble du génome et de l'organisme, ce qui doit être pris en compte lors de l'élaboration d'essais d'évaluation de la toxicité associée au méthyle.

Entreposage et conservation des échantillons biologiques dans les études de biosurveillance

- Mario Marchand, Institut national de santé publique du Québec

Principaux points

  • Le laboratoire devrait intervenir le plus tôt possible dans la conception d'études de biosurveillance.
  • Chaque échantillon a sa place et doit être à sa place.
  • Il ne faut jamais sous-estimer l'importance de l'évaluation de la stabilité des échantillons.
  • À faire : instaurer un contrôle de la qualité des échantillons entreposés soumis au même traitement, et des échantillons déplacés pour évaluer leur stabilité à long terme.

Séance de remue-méninges en petits groupes

Modérateur : Ross Anderson, professeur en épidémiologie et en santé publique, St. George's, Université de Londres

Les participants se sont divisés en petits groupes pour discuter de l'un des trois sujets relatifs aux perspectives technologiques : les nouvelles méthodes de mesure, les priorités pour la mise au point de nouvelles technologies et les défis de l'étude des interactions gènes-environnement. Le modérateur a demandé aux participants de garder à l'esprit que les nouvelles techniques de mesure constituent un important moteur de changements de paradigme en matière d'épidémiologie environnementale. Voici un résumé de leurs réflexions.

1. Nouvelles méthodes de mesure : questions et thèmes

  • Il doit y avoir un équilibre entre la motivation d'une question plutôt précise et la mise au point d'une ressource à long terme.
  • Nous devrions envisager toutes les voies d'exposition dans l'orientation des questions de recherche.
  • Les nouvelles méthodes de mesure de la santé constituent un domaine où des progrès sont nécessaires (p. ex. fonction pulmonaire ambulatoire).
  • Les modèles physiologico-pharmacocinétiques (PBPK) peuvent nous aider à travailler à rebours pour cerner les mesures les plus utiles à acquérir.
  • Nous devons déterminer les mesures d'exposition de base qui peuvent être acquises pour tous les sujets, particulièrement dans le cas de cohortes de plus grande envergure.
  • Nous devons envisager des méthodes à la fine pointe de la technologie, dans le présent et dans un avenir rapproché.
  • Un ensemble de capteurs haut de gamme devrait circuler chez les sujets participant aux études.
  • Éléments à considérer lors du choix d'une sous-population pour l'élaboration d'une méthode de mesure de l'exposition :
    • les études de démonstration des principes sont importantes;
    • dans le cas de mesures plus intensives, coûteuses ou envahissantes, les études de cohortes indépendantes sont plus logiques; cependant, lorsqu'il est question d'appliquer de nouvelles méthodes aux cohortes existantes, la population étudiée sera la plus appropriée ou la plus pertinente.
  • Les modèles sont un volet incontournable de l'estimation des expositions, du plus simple au plus sophistiqué.
  • Les modèles requièrent des données, difficiles à obtenir, qui peuvent provenir des sources suivantes :
    • questionnaires;
    • variables écologiques;
    • grande quantité de données non exploitées issues des réseaux sociaux, participation volontaire (cela permettrait-il de faire progresser les modèles de façon significative?).
  • De nouveaux outils de communication permettraient d'acquérir des données comportementales de façon plus fréquente et systématique (p. ex. téléphones cellulaires). Quels en sont les coûts?
  • De nombreux écueils sont associés aux échantillons biologiques :
    • Comment maintenir le cap lors du développement d'une future ressource lorsqu'on prend en compte le désir de recueillir autant de données que possible pour de futures analyses?
    • Quels sont les meilleurs types d'échantillons pour trouver des biomarqueurs d'exposition?
      • sang total;
      • ADN;
      • gouttes de sang;
      • gouttes d'urine;
      • méconium;
      • cheveux et ongles.
  • Les méthodes analytiques de laboratoire devront devenir moins coûteuses pour être applicables à plus grande échelle à la mesure d'expositions.

2. Priorités pour la mise au point de nouvelles technologies

Priorités – réseau de capteurs de variables d'environnement :

  • Inclure aussi les composés organiques volatils, les particules, les cancérogènes, les spores de moisissure et les allergènes.
  • Combiner avec des appareils intelligents et des appareils (trans)portables.
    • Utiliser un ourson dont la surface ressemble à de la peau humaine pour surveiller l'absorption par la peau.
    • Utiliser des échantillons d'eau du robinet pour évaluer les expositions par l'eau potable.
    • Choisir différents temps moyens d'exposition.
    • Ajouter des fonctionnalités cellulaires et satellitaires.
  • Envisager le recours à des satellites fixes (géostationnaires) pour prendre des mesures répétées des polluants au fil du temps.

Priorités – amélioration des outils et des modèles pour l'étude de la pharmacocinétique :

  • Élaborer des modèles visant à mieux comprendre les doses internes reçues.
  • Mieux comprendre les expositions externes et établir des comparaisons.
  • Mieux comprendre les effets du stade de développement ou de l'âge.

Priorités – modèles et plateformes communes :

  • Normaliser les protocoles pour favoriser le partage des données issues de biobanques.
  • Tenir compte des facteurs de confusion (même si leur existence n'est connue que plus tard).
  • Réaliser des analyses structurelles qualitatives de la toxicité, y compris des caractéristiques (p. ex. affinité pour les lipides).
  • Recueillir et utiliser des échantillons dans le cas d'épisodes aigus (y compris les protocoles).
  • Concevoir et utiliser des portails Web pour les cas chroniques et aigus.

3. Défis de l'étude des interactions gènes-environnement

  • Certains problèmes sont associés au besoin d'un échantillon de si grande taille (p. ex. 50 000 à 100 000 personnes).
    • Les cohortes devraient être combinées.
    • Existe-t-il des mesures environnementales semblables, ou des mesures semblables d'exposition peuvent-elles être créées?
  • Quelle est la meilleure approche?
    • L'étude de cohortes demeure la méthode privilégiée (conception rigoureuse, résultats cliniques nombreux, étude de sous-échantillons).
    • Les ressources peuvent être concentrées sur des cas et des contrôles au sein de la cohorte.
    • Concentration sur les expositions élevées et faibles (étude emboîtée); utilisation d'extrêmes et détection d'un signal, la zone grise étant difficile à interpréter.
  • La détermination de l'intervalle entre l'exposition et l'étude des effets représente un défi et dépend de l'hypothèse. Cet aspect doit être planifié avec soin à l'aide d'une approche axée sur les systèmes.
  • L'approche génomique à elle seule n'a pas donné beaucoup de résultats jusqu'ici. C'est plutôt à l'interaction gènes-environnement qu'on doit s'intéresser (p. ex. épigénétique, expression). Par exemple, parmi les facteurs importants devant être considérés, il y a non seulement le tabagisme, mais aussi le statut socio-économique et le stress (facteurs importants, mais dont il n'y a aucune mesure dans les cohortes).
  • Les gens veulent savoir si leurs gènes pourraient les rendre sensibles à certaines expositions, et dans quelle mesure le risque de maladie est attribuable à ces gènes précis. Cet aspect doit être pris en compte dans l'approche de l'étude.
  • Les coûts, la disponibilité d'outils de bioinformatique, les mesures d'exposition (exactitude) et la pertinence par rapport à l'étendue (variation) doivent être considérés au fil de notre progression.
  • Un soutien important est nécessaire pour les études multi-générationnelles ou trans-générationnelles réalisées à long terme et pour mesurer les effets épigénétiques. Encore une fois, l'hypothèse initiale joue un très grand rôle (p. ex. déterminer le moment de l'échantillonnage, exposition tout au long de la vie, puberté).
  • Les expositions individuelles entraînent des risques et des avantages (p. ex. produits thérapeutiques), lesquels doivent être pris en compte.

Conférence principale

Faire des choix difficiles dans les études longitudinales : Décider quoi mesurer et quand – Leçons tirées de la National Children's Study

- Michael Dellarco, National Children's Study, National Institute of Child Health & Human Development

Principaux points

  • La National Children's Study (NCS) [étude nationale sur les enfants] est un système d'activités intégré mandaté par le Congrès américain visant à étudier les effets des expositions environnementales et de la génétique sur la croissance, le développement et la santé.
  • La NCS étudie les milieux environnementaux conventionnels ainsi que les contextes sociaux et culturels, l'accès aux soins de santé, et l'aspect socio-économique.
  • Un grand volume d'information est recueilli à l'aide d'entrevues, de questionnaires à remplir soi-même, d'appareils d'observation et de diverses procédures d'échantillonnage.
  • Des efforts sont déployés pour adopter une terminologie constante pour la catégorisation et les questions relatives aux différentes étapes de la croissance et du développement et d'autres aspects des soins pédiatriques.
  • Parmi les préoccupations relatives à l'échantillonnage, notons le coût, la collecte, l'entreposage et l'analyse, la capacité de prendre toutes les mesures au cours d'une visite, le fardeau imposé aux participants et le rendement acceptable de la méthode d'analyse utilisée.
  • Nous devons nous assurer que pour tout spécimen donné, le volume d'échantillon est suffisant pour réaliser les analyses désirées pour une vaste gamme de produits chimiques et de biomarqueurs. Dans la série d'analyses actuelle, l'établissement des priorités est fondé sur des préoccupations par rapport à la toxicité pour la reproduction et le développement. Nous communiquons également avec des chimistes pour veiller à ce que les analyses soient réalisées avec les échantillons appropriés et avec le volume le plus faible possible.
  • La méthodologie des visites devrait garantir un équilibre entre la valeur, l'efficience et l'économie. Nous analysons présentement le succès de diverses stratégies de collecte.
  • Les grands défis comprennent la terminologie, la variabilité de la collecte des échantillons environnementaux (techniques, logistique), le manque de valeur prédictive des questionnaires, la détection précoce de la grossesse, la collecte de séries d'échantillons, la qualité des données, la généralisabilité de l'échantillon de la population à l'étude, l'interaction et les rôles des autorités et des établissements, et les coûts par visite.
  • La valeur réelle de nombreuses études longitudinales ne sera constatée que loin dans l'avenir.

Quoi faire à partir de maintenant?

Résumé des thèmes

Modérateur : Bruce Lanphear, professeur en santé environnementale des enfants, Université Simon Fraser

Une discussion en plénière a eu lieu sur les thèmes abordés au cours de l'atelier et les possibilités et les priorités à venir. Les suggestions suivantes ont été faites par les participants au sujet d'avenues potentielles pour faire progresser la recherche sur la mesure de l'exposition environnementale et son application en termes de résultats pour la santé :

  • Exploiter le potentiel de surveillance individuelle en temps réel de la qualité de l'air.
  • Utiliser les technologies mobiles pour la mesure de l'exposition environnementale.
  • Développer la capacité d'analyser des données environnementales complexes.
  • Lancer des études de validation de principe pour orienter la collecte économique de données sur les échantillons biologiques et les biomarqueurs.
  • Mettre à profit les forces du Canada et du Royaume-Uni en matière de liens entre les dossiers de santé et les données environnementales.
  • Utiliser de nouvelles technologies pour améliorer la mesure des expositions pour les cohortes, les capteurs, la protéomique, etc.
  • Exploiter les nouvelles technologies en temps réel pour mesurer les expositions.
  • Relever les défis de l'entreposage des échantillons biologiques et répondre au besoin pressant de procédures d'assurance et de contrôle de la qualité.
  • Faire en sorte que les nouvelles technologies soient reproductibles et valables.
  • Faire preuve d'audace dans la promotion de la recherche en salubrité de l'environnement auprès des responsables des politiques et du public; convaincre le public de l'importance des études à long terme.
  • Intégrer aux plans d'étude les facteurs qui créent des empreintes épigénétiques et les facteurs sur lesquels nous pouvons agir pour en atténuer les effets néfastes.
  • Réfléchir aux façons d'atténuer les effets des substances toxiques dès que nous en apprenons plus à propos de ces effets.
  • Appliquer ce raisonnement aux études longitudinales qui sont en démarrage au Canada afin d'harmoniser le plus possible les méthodes de collecte de données et d'échantillons.
  • Commencer à réfléchir à la création d'un centre d'expertise en évaluation de l'exposition environnementale et créer des technologies d'évaluation de l'exposition au Canada.
  • Faire appel à des bailleurs de fonds non traditionnels qui ont des exigences convergentes pour financer ce type de recherche (p. ex. Agence spatiale canadienne, Défense nationale), provenant notamment d'autres organismes ou d'autres disciplines (chimistes, ingénieurs, physiciens).
  • Favoriser l'interdisciplinarité.
  • Engager rapidement le dialogue avec les responsables des politiques et les utilisateurs finaux pour s'assurer que la recherche génère l'information appropriée. Faire participer le public à l'établissement des priorités.
  • Transmettre les connaissances et les rendre plus accessibles (au Royaume-Uni, les « Cohort Resource Facilities » [centres de ressources sur les études de cohortes] servent de plateformes permettant de communiquer avec d'autres entités qui réalisent des études sur l'environnement).
  • Rendre intéressantes pour les jeunes les carrières dans ce domaine.
  • Voir jusqu'où il est possible d'aller avec la méthodologie des gouttes de sang.

Séance de remue-méninges en petits groupes

Lors de la dernière activité de l'atelier, les participants se sont encore une fois divisés en petits groupes, cette fois pour déterminer des priorités en matière de mesure de l'exposition environnementale et repérer des possibilités de collaboration. Le résumé des échanges est regroupé sous les thèmes principaux.

Priorités

Capacité
  • Augmenter le financement tout en déterminant les secteurs où de vraies économies peuvent être réalisées.
  • Renforcer la capacité en matière de toxicologie au Canada.
  • S'attirer le soutien de la communauté pour réaliser des études sur l'exposition environnementale.
Sujets d'étude
  • Expositions précoces et associations avec des maladies chroniques ultérieures.
  • Interactions entre le milieu physique et les maladies infectieuses (p. ex. infections et allergènes).
  • Plus de mesures sur des enfants.
  • Nutrition et contaminants dans les aliments.
  • Personnes et populations vulnérables.
  • Vulnérabilité individuelle.
  • Produits de consommation.
  • Les particules de poussière, important vecteur de nombreux polluants biologiques et chimiques.
  • Interventions : efficience et efficacité.
  • Exposition à des substances présentes dans de nombreux milieux et à des mélanges contenant plusieurs substances chimiques.
  • Fardeau mondial de la maladie et lien entre la santé mentale et les facteurs agressifs du milieu.
  • Recours à des organismes biologiques, comme des plantes, pour accumuler et absorber des polluants (p. ex. métaux et matières organiques).
  • Nouvelles molécules et problèmes émergents relativement aux nouvelles substances dans l'environnement.
  • Études internationales sur les degrés d'exposition, particulièrement chez les sous-populations fortement exposées.
  • Biomarqueurs d'exposition à long terme et cumulative.
  • Mesure de l'exposition à des produits chimiques dont la demi-vie est courte.
Harmonisation
  • Harmoniser les données des questionnaires biologiques pour accroître la capacité de modélisation.
  • Créer un registre complet des études de cohortes pour favoriser la communication de l'information (p. ex. P3G).
  • Étudier les exigences éthiques requises pour procéder à la répétition d'études dans d'autres pays et à l'exploration de vieux ensembles de données.
  • Harmoniser les données du Royaume-Uni et du Canada et établir des liens entre elles.
Nouvelles technologies
  • Appliquer de nouvelles technologies d'imagerie – comme le recours à des caméras à infrarouges pour détecter l'infiltration d'eau et les moisissures dans les maisons – à des résultats cliniques et à la santé publique.
  • Développer davantage la technologie des systèmes d'information géographique (SIG), ce qui comprend des références spatiales sur les sources de pollution et l'environnement.
  • Recourir à des capteurs rudimentaires (p. ex. applications ou lingettes) permettant au public de procéder à l'échantillonnage (meilleures applications longitudinales et meilleure représentativité de la population).
  • Favoriser les études de validation de principe visant à créer des capteurs miniatures peu coûteux pouvant être utilisés dans divers milieux, indépendamment de la recherche en santé (par exemple, le National Institute of Environmental Health Sciences a procédé ainsi pour la recherche en épigénétique).
  • Tirer parti de la téléconsultation et des médias sociaux (p. ex. données automatiques individuelles sur les déplacements, les achats et d'autres interactions).
  • Tirer parti des technologies d'imagerie satellitaire.
  • Favoriser une plus grande interaction avec les participants pour ce qui est de l'utilisation des nouvelles technologies.
  • Maximiser le recours aux technologies sans fil pour la collecte de données environnementales (p. ex. bruit, activités, lieu/empreinte, images, appareils individuels de surveillance de la qualité de l'air dotés d'une capacité de téléchargement, biosurveillance [p. ex. fréquence cardiaque]).
Plans d'étude et méthodologies
  • Harmoniser les plans d'étude (dans une perspective d'inclusion dans de futures méta-analyses).
  • Simplifier les plans d'étude pour utiliser des modèles et des indicateurs qui fournissent suffisamment d'information pour la prise de décisions publiques (p. ex. recourir à PM 2,5 en tant qu'indicateur approximatif des composants de l'air extérieur).
  • Associer plus directement les mesures aux sources de contaminants et aux mécanismes par lesquels ils pénètrent dans l'organisme.
  • Réfléchir davantage aux interventions (p. ex. la source de l'exposition et les façons de la modifier).
  • Accroître le recours à des mesures d'échantillons biologiques sensibles, peu coûteuses et demandant un faible volume d'échantillon (p. ex. gouttes de sang, salive, gouttes d'urine).
Données et modélisation
  • Valider les modèles d'expositions à l'aide de données empiriques.
  • Améliorer la qualité des données utilisées pour la modélisation (p. ex. combiner les facteurs de façon multidimensionnelle dans le temps et dans l'espace pour en examiner les effets environnementaux).
  • Promouvoir le recours à davantage de modélisation et à de meilleurs modèles pour l'analyse de populations.
  • Améliorer les outils utilisés pour la méta-analyse de données multiples, particulièrement en ce qui concerne la qualité de ces dernières.
  • Accroître la capacité de couplage, d'analyse et de stockage des données, ce qui comprend l'élaboration de nouveaux outils en bioinformatique et le renforcement de la capacité.
  • Maximiser l'utilisation du couplage de dossiers individuels dans divers secteurs (santé, achats, téléphone).

Possibilités de collaboration

  • Tirer parti des similitudes entre les systèmes de soins de santé du Royaume-Uni et du Canada en faisant du réseautage et en communiquant des renseignements sur des problèmes communs (p. ex. pollution transfontalière transportée par l'atmosphère, cohortes, liens avec des ministères et des organismes provinciaux).
  • Consulter d'autres entités dans le monde (p. ex. le CRDI) qui ont mené des études auprès des collectivités de l'Arctique pour en tirer des apprentissages et les appliquer aux études sur les populations de l'Arctique au Canada (l'AINC, par exemple, a de bons programmes).
  • Collaborer avec des organismes comme l'Agence spatiale canadienne, le ministère de la Défense nationale, Environnement Canada et Santé Canada à des projets de recherche portant sur les expositions environnementales.
  • Mobiliser les organismes provinciaux, car ils ont des responsabilités au chapitre de la prestation des soins de santé sur leur territoire.
  • Lancer des subventions stratégiques d'équipe pour encourager les chercheurs à collaborer plutôt qu'à rivaliser (p. ex. exiger la participation d'un nombre précis de régions, d'établissements ou d'entités, tout en veillant à obtenir une bonne combinaison de disciplines).
  • Faire la promotion de l'échange de renseignements et de pratiques exemplaires entre les pays (p. ex. le Canada et le Royaume-Uni) ou les provinces et explorer les ensembles de données existants.
  • Appliquer au contexte canadien l'expérience et les données du Royaume-Uni et d'autres pays, particulièrement en ce qui a trait aux interventions et à la validation de modèles.
  • Améliorer la collaboration entre les responsables des politiques de santé publique et les chercheurs.
  • Encourager les collaborations entre les épigénéticiens et les modélisateurs par la formation et la recherche multidisciplinaire.
  • Créer des programmes centralisés pour réunir les chercheurs de disciplines différentes dans un même endroit.
  • Créer des possibilités d'échanges étudiants (p. ex. programmes multinationaux d'échanges de scientifiques, remboursement des frais de déplacement pour se rendre à des congrès, formation spécialisée prédoctorale ou postdoctorale), particulièrement en matière de recherche sur l'exposition environnementale (p. ex. Programme de formation orientée vers la nouveauté, la collaboration et l'expérience en recherche du CRSNG).
  • Créer et financer une courte formation sur l'évaluation de l'exposition à l'intention des stagiaires.
  • Réaliser une étude internationale (Amérique du Nord, Europe) sur les interactions gènes-environnement et leurs effets sur la santé des populations, financée par les National Institutes of Health, les IRSC et le 7e PC de l'Union européenne, qui pourrait :
    • étudier l'obésité et le syndrome métabolique, l'alimentation et l'épigénétique (notamment dans les pays en développement);
    • utiliser des gouttes de sang et d'urine pour les analyses;
    • inclure un plan de travail pour développer des technologies permettant de mesurer l'exposition environnementale et les biomarqueurs;
    • inclure l'industrie pharmaceutique et ses ensembles de données.
  • Lancer une initiative de collaboration internationale pour explorer les données des études de cohortes existantes (p. ex. P3G).

Conclusion

Prochaines étapes

Le modérateur a fait remarquer que la communauté internationale commence à reconnaître le lien solide entre l'environnement et la santé humaine. Il a souligné que le dernier rapport de l'OMS montre que le nombre de décès dus aux maladies transmissibles ne dépasse plus le nombre de décès dus aux maladies chroniques, ce qui suggère que l'environnement exerce une influence cruciale sur la santé humaine.

Il a conclu la séance en demandant aux participants d'exprimer leurs idées sur des façons de déployer des efforts concertés sur les grandes priorités et possibilités abordées au cours de l'exercice précédent. En voici un résumé :

  • Encourager la collaboration et accumuler de l'expérience en créant des échanges de formation et en travaillant sur des ensembles de données partagés.
  • Lancer une initiative collaborative de financement pour favoriser la mise en place d'une infrastructure méthodologique.
  • Prendre connaissance du travail fait au Royaume-Uni sur les technologies de mesure et élaborer un projet pilote au Canada.
  • Mettre à profit les champions de divers secteurs pour diriger des programmes et des initiatives.
  • Incorporer la validation de principe aux études en cours (p. ex. comparaison de capteurs mobiles aux normes d'excellence).
  • Encourager la participation du secteur privé (dans le cas du Berkeley Center for Information Technology Research in the Interest of Society, le secteur privé aide à financer la fabrication de nouveaux appareils ayant de possibles applications commerciales).
  • Encourager les subventions de formation et les échanges prédoctoraux et postdoctoraux.
  • Normaliser les méthodes.
  • Adopter une approche conjointe (p. ex. Canada, Royaume-Uni, États-Unis) pour résoudre des problèmes communs.

Mot de la fin

Le Dr Kramer a remercié les employés de l'IDSEA et les membres du comité organisateur d'avoir coordonné l'atelier, ainsi que les présidents, les modérateurs et les conférenciers pour le rôle qu'ils ont joué dans le bon déroulement d'un programme chargé – du temps utilisé à bon escient, selon lui. Il a remercié les participants, particulièrement ceux qui sont venus de loin, pour avoir assisté à l'événement, ainsi que ses collègues des IRSC pour ce qu'il espérait être un soutien continu de la recherche dans ce domaine. Il a conclu en disant que l'atelier constituait une bonne entrée en matière pour la rencontre des bailleurs de fonds qui aurait lieu au cours du déjeuner, et a dit avoir bon espoir que l'atelier engendrera des collaborations dans ce domaine.

Annexes

Annexe I : Ordre du jour

Jour 1 – Lundi, 28 novembre 2011
État actuel de la science / Mise en contexte / Que savons-nous?
8 h 00 – 9 h 00 Petit-déjeuner et inscription
9 h 00 Mots de bienvenue

Patrick Holdich,
Consul général de la Grande-Bretagne, Montréal

Michael Kramer, directeur scientifique, IDSEA des IRSC
9 h 20 Allocution principale : L'évaluation des expositions aux contaminants environnementaux, l'état des connaissances et les besoins en recherche

Martin Williams,
Groupe de recherche sur l'environnement dans les politiques scientifiques, King's College, Londre
10 h 00 Séance no 1 : Questions de mesure

Présidente : Donna Mergler, Centre de recherche interdisciplinaire sur la biologie, la santé, l'environnement et la société, Université du Québec à Montréal
  • Sources environnementales d'exposition
    • Michael Brauer, École de santé publique et de santé des populations et Département de médecine, Université de la Colombie-Britannique
Brève période de questions après chaque présentation
10 h 30 Pause-santé réseautage
11 h 00 Séance no 1 : Questions de mesure (suite)
  • Mesurer et interpréter les biomarqueurs d'exposition
    • Jay Van Oostdam, Conseiller en épidémiologie, Bureau de la surveillance des substances chimiques, Santé Canada
  • Périodicité et fréquence de la mesure de l'exposition dans les études longitudinales
    • Kees de Hoogh, Imperial College, Londre
Brève période de questions après chaque présentation
12 h 00 Discussion avec le groupe d'experts de la séance no 1
12 h 30 Déjeuner
13 h 30 Séance no 2 : Synthétiser les données sur l'exposition à l'environnement

Présidente : Carol Dezateux, directrice, Centre d'épidémiologie en santé infantile du MRC, Institut de la santé infantile, University College, Londre
  • L'utilisation de la modélisation dans les évaluations de l'exposition, et :
    • Combiner les données des sources environnementales et des biomarqueurs
      Bruce Lanphear, professeur en santé environnementale, Université Simon Fraser
    • Affiner l'évaluation de l'exposition aux polluants organiques persistents avec l'utilisation d'un modèle physiologico-pharmacocinétique
      Sami Haddad, professeur agrégé, Département de santé au travail et de santé environnementale, Université de Montréal
  • Harmonisation des résultats de santé et des données relatives aux facteurs de risque dans toutes les études
    • Isabel Fortier, directrice, Recherche et développement, Consortium P3G
Brève période de questions après chaque présentation
15 h 00 Discussion avec le groupe d'experts de la Séance no 2
15 h 30 Pause-santé réseautage
16 h 00 Séance de remue-méninges en petits groupes

Modérateur : Hans Schleibinger, Ventilation et qualité de l'air intérieur, Conseil national de recherches du Canada

Veuillez choisir un des sujets de discussion suivants :
  • Défis de l'étude des sources d'exposition liées à l'environnement
  • Difficultés liées à la mesure des biomarqueurs
  • Défis dans les domaines de l'épidémiologie et de la bio-statistique
  • Enjeux relatifs au genre et au sexe biologique
17 h 00 Réactions à la séance plénière et discussions
17 h 30 Ajournement
19 h 00 Souper et conférence principale : Science, environnement et politique publique

Karen Dodds, sous-ministre adjointe, Direction générale des sciences et de la technologie, Environnement Canada

Jour 2 – Mardi, 29 novembre 2011
Secteurs de développement, défis et possibilités
8 h – 9 h 00 Petit-déjeuner
9 h 00 Conférence principale : Contaminants environnementaux et approches écosystémiques de la santé humaine : succès et enjeux

Jean Lebel
, directeur, Agriculture et Environnement, Centre de recherches pour le développement international (CRDI)
9 h 45 Séance no 3 : Perspectives technologiques

Président : Frank Kelly, Medical Research Council, HPA Centre for Environment and Health
  • Techniques de surveillance de l'exposition environnementale: accent sur la pollution de l'air
    • Roderic Jones, professeur en sciences de l'atmosphère Université de Cambridge
  • Marqueurs protéomiques et métabolomiques de l'exposition à des contaminants environnementaux
    • Neil Dalton, professeur de biochimie pédiatrique, King's College Londre
Brève période de questions après chaque présentation
10 h 45 Pause-santé réseautage
11 h 15 Séance no 3 : Perspectives technologiques (suite)
  • Marqueurs épigénomiques de l'exposition à des contaminants environnementaux
    • Moshe Szyf, professeur James McGill de pharmacologie et de thérapeutique, Université McGill
  • Entreposage et conservation des échantillons biologiques dans les études de biosurveillance
    • Mario Marchand, Institut national de santé publique du Québec
Brève période de questions après chaque présentation
12 h 15 Discussion avec le groupe d'experts de la séance no 3
13 h 00 Déjeuner
14 h 00 Séance de remue-méninges en petits groupes

Modérateur : Ross Anderson, professeur en épidémiologie et en santé publique, St George's, University of London

Veuillez choisir un des sujets de discussion suivants :
  • Nouvelles méthodes de mesure
  • Priorités pour la mise au point de nouvelles technologies
  • Défis dans la manutention, le transport et l'entreposage des échantillons
  • Défis de l'étude des intéractions gènes-environnement
15 h 00 Pause-santé réseautage
15 h 30 Rapport en séance plénière, discussion de groupe
16 h 30 Ajournement
Soirée libre pour visiter Montréal (pour des suggestions, voir le dossier des participants)

Jour 3 – Mercredi, 30 novembre 2011
Parler d'avenir, travailler ensemble et quoi faire à partir de maintenant
8 h 00 - 9 h 00 Petit-déjeuner
9 h 00 Conférence principale : Faire des choix difficiles dans les études longitudinales : Décider quoi mesurer et quand -- Leçons tirées de la NCS.

Michael Dellarco,
National Children's Study, National Institute of Child Health & Human Development (NICHD)
9 h 45 Résumé des principaux thèmes des jours 1 et 2

Bruce Lanphear,
professeur en santé environnementale des enfants, Université Simon Fraser
10 h 00 Séance de remue-méninges en petits groupes
Modérateur : Bruce Lanphear, professeur en santé environnementale des enfants, Université Simon Fraser

On demande aux participants de se diviser en quatre groupes et de discuter des deux questions suivantes :
  • Identifier les dix plus grands défis de la mesure de l'exposition environnementale
  • Possibilités de collaboration
10 h 45 Pause-santé et réseautage
11 h 15 Chaque groupe fera part des résultats de ses discussions (5 minutes par groupe)
Discussion en séance plénière sur les prochaines étapes
12 h 00 Mot de la fin

Michael Kramer, directeur scientifique, IDSEA des IRSC
12 h 15 Levée de la séance et Déjeuner

Annexe II : Liste des participants

Ross Anderson
Professor of Epidemiology
St George's, University of London

Prabjit Barn
Environmental Health Scientist,
National Collaborating Centre for Environmental Health and BC Centre for Disease Control

Maryse Bouchard
Professeure adjointe,
Université de Montréal

Michael Brauer
Professor
University of British Columbia

Jeff Brook
Senior Research Scientist
Environment Canada and Adjunct Professor,
University of Toronto

Laurie Chan
Professor and Canada Research Chair
University of Ottawa

Jonathan Chevrier
Chercheur
University of California, Berkeley

Ray Copes
Director E&OH, Public Health Ontario and Associate Professor,
University of Toronto

Meredith Curren
Scientific Advisor
Health Canada

R. Neil Dalton
Professor of Paediatric Biochemistry
King's College, London

Kees de Hoogh
Senior Research Officer
Imperial College London

Michael Dellarco
Senior Scientist and Project Officer
The National Children's Study
Eunice Kennedy Shriver
National Institute of Child Health and Human Development (NICHD)

Anne-Cécile Desfaits
Assistant Director
CIHR-IHDCYH

Carol Dezateux
Director
MRC Centre of Epidemiology for Child Health
Institute of Child Health,
University College London

Karen Dodds
Assistant Deputy Minister
Science & Technology Branch
Environment Canada

Dany Doiron
Agent de recherche
P3G Consortium

Nicolina Farella
Science and Innovation Officer
British Consulate-General Montréal

Isabel Fortier
Chercheure
Research Institute of the McGill University Health Centre

Elisabeth Fowler
Assistant Director, Partnerships and International Relations
CIHR-IHDCYH

Alison Gowers
Air Pollution Group
Health Protection Agency
(England and Wales)

Sami Haddad
Professeur agrégé
Université de Montréal

Patrick G H Holdich
British Consul General
British Consulate-General,

Michael Jerrett
Professor
University of California, Berkeley

Joy Johnson
Scientific Director
CIHR-IGH

Leslie Jones
Reporter
Leslie Jones Communications
Ottawa

Roderic L.Jones
Professor of Atmospheric Science
University of Cambridge

Frank Kelly
Professor of Environmental Health
King's College, London

Michael S. Kramer
Scientific Director
CIHR-IHDCYH

Daniel Krewski
Director and Professor
University of Ottawa, McLaughlin Centre for Population Health and Risk Assessment

Anick Lambert
Project Officer
CIHR-IHDCYH

Bruce Lanphear
Clinician-Scientist and Professor
Child & Family Research Institute and Simon Fraser University

Jean Lebel
Directeur, Agriculture et environnement
Centre de recherche pour le développement international (CRDI)

Diana Lefebvre
Research Admin/Project Manager
McMaster University

Matthew Longnecker
Senior Investigator
National Institute of Environmental Health Sciences, NIH

Stephen Lye
Associate Director
Samuel Lunenfeld Research Institute

Mario Marchand
Centre de Toxicologie du Québec
Institut national de santé publique du Québec (INSPQ)

Eric Marcotte
Assistant Director
CIHR – RMNI

Donna Mergler
Professeure émérite
Université du Québec à Montréal

Gina Muckle
Chercheure
Université Laval et Centre de recherche du CHUQ

Marc Ouellette
Scientific Director
CIHR-III

Louise Parker
Chair, CIHR Cancer Research Institute
Advisory Board
Canadian Cancer Society Chair Population Cancer Research
Dalhousie University

Lindsay Patrick
Senior Advisor
Assisted Human Reproduction
Canada

Stéphane Perron
Santé pub Montréal

Erica Phipps
Partnership Director
Canadian Partnership for Children's Health & Environment

Stéphane Pion
Assistant Director
CIHR-ICR

Lynne Renaud
Project Officer
CIHR-IHDCYH

Étienne Richer
Directeur adjoint
Institut de génétique des IRSC

Keeley Rose
Project Manager
CIHR- INMD

Hans W. Schleibinger
Group Leader
National Research Council Canada
Ventilation & Indoor Air Quality

Malcolm Sears
Professor of Medicine
McMaster University/ St. Joseph's Healthcare

Julie Senécal
Assistant Director
CIHR-IPPH/ISPP des IRSC

Audrey Smargiassi
Professeure de clinique
Université de Montréal

Céline Surette
Professeure
Université de Moncton

Moshe Szyf
Professor
McGill University

Larissa Takser
Professeure
Université de Sherbrooke

Jay Van Oostdam
Senior Epidemiological Advisor
Chemicals Surveillance Bureau
Health Canada

Marc-André Verner
Stagiaire postdoctoral
Karolinska Institutet (Suède)

Paul Villeneuve
Senior Research Scientist
Health Canada

Heike Weber
Strategy and Planning Manager
UK Medical Research Council

Amanda J. Wheeler
Research Scientist
Health Canada

Martin Williams
Professor, Air Quality
King's College London

Annexe III : Principaux points de discussion

Les grandes questions qui ont été posées et les commentaires formulés au cours des discussions en plénière suivant chacune des présentations et séances en petits groupes figurent dans la présente annexe.

Conférence principale de Martin Williams

  • L'« exposome », soit la mesure de la totalité des expositions environnementales subies par une personne au cours de sa vie, suscite beaucoup d'intérêt ces jours-ci. Quel impact ce concept pourrait-il avoir sur le domaine au cours des cinq prochaines années? Réponse : La quantification de toutes les expositions subies au cours d'une vie présuppose une connaissance approfondie des éléments individuels que nous n'avons pas pour l'instant.
  • Si une simple analyse sanguine permettant de mesurer toute l'exposition aux matières particulaires ou à des gaz au cours d'une période donnée, à la manière des biomarqueurs, pouvait être réalisée, pourrait-elle remplacer certains des éléments que vous mesurez? Réponse : Le problème réside dans le fait que dès qu'un polluant pénètre dans l'organisme, il est traité par les différentes parties du corps à des moments différents, ce qui embrouille le lien à la source d'exposition. La situation pourrait être différente dans le cas de biomarqueurs précis de substances cancérogènes précises, mais ce que nous étudions ici se trouve dans une toute autre catégorie.
  • Il est très difficile de mesurer l'exposition environnementale à l'aide de moniteurs stationnaires, car les gens se déplacent constamment. Un appareil individuel ne constituerait-il pas un meilleur moyen d'examiner l'exposition globale? Réponse : Oui, mais il reste encore à déterminer le nombre de personnes devant être étudiées pour qu'on puisse fonder des politiques sur les résultats obtenus. Il pourrait s'agir d'une option intéressante s'il était possible de travailler à rebours pour trouver la source de ces éléments.
  • Existe-t-il des biomarqueurs de polluants non cancérogènes? Réponse : Il n'existe pas de réponse simple; si c'était le cas, nous serions déjà en train d'y travailler. De nombreux biomarqueurs indiquent certaines sources, mais aucun n'est assez fiable pour qu'on puisse l'utiliser dans une étude d'envergure. Nous pouvons mesurer les métaux dans l'urine et effectuons des études à ce sujet, mais il y a encore beaucoup de travail à faire avant de trouver des éléments suffisamment fiables nous permettant de comprendre les effets à long terme des expositions à la pollution atmosphérique.

Présentations de la séance 1

  • Un certain intérêt a été manifesté pour la fusion de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé et des équivalents de biosurveillance que vous avez élaborés. Existe-t-il des données sur certains de ces composés, et si oui, peut-on les utiliser comme points de référence pour mesurer l'exposition actuelle de la population? Réponse : Oui, il existe des données à l'échelle nationale sur certaines substances, notamment les BPA.

Présentations de la séance 2

  • Bien qu'il ne soit pas pertinent dans tous les cas de séparer les cohortes par sexe, les chercheurs devraient y réfléchir et penser à la manière dont ce concept s'applique à ce qu'ils étudient. Nous devons nous assurer de mesurer les bons éléments, et que nos conclusions sont appliquées de façon adéquate selon le sexe et le genre.
  • En ce qui concerne la mesure d'expositions à des polluants non persistants dans l'urine, c'est souvent un seul échantillon ponctuel qui est utilisé pour estimer l'exposition subie sur plusieurs mois. Le fait que certaines études parviennent à des résultats plutôt cohérents en recourant à cette méthode soulève des questions par rapport à la présence d'un biais systématique. L'élaboration de meilleures méthodologies (p. ex. biomarqueurs d'expositions cumulatives) permettrait d'estimer ces expositions, tout comme le fait de vérifier si les effets constatés concordent avec les résultats d'études faites sur des animaux.
  • Si les mesures coûteuses comportent toujours certaines limites, nous devrions peut-être réfléchir à des façons d'améliorer la planification statistique prospective de nos études. Par exemple, nous pourrions nous concentrer sur des mesures répétées dans un petit sous-ensemble et faire des déductions en fonction d'autres renseignements, ou réaliser des essais randomisés pour essayer de réduire l'exposition par affectations aléatoires.
  • La plupart des commentaires portaient sur les mesures d'exposition évaluées à l'aide de questionnaires. Dans le cas des biobanques, quelles tentatives ont été faites pour normaliser, entre autres, les types d'échantillons et les laboratoires d'une cohorte à l'autre? Réponse : De nombreux programmes travaillent à l'harmonisation, notamment BioSHaRE et le Projet de partenariat canadien Espoir pour demain, qui essaie de documenter tous les facteurs qui pourraient influer sur les mesures biochimiques et a élaboré un modèle de données pour les échantillons.
  • Le projet ESCAPE tente également de réunir 25 cohortes pour normaliser l'approche d'évaluation de l'exposition à la pollution atmosphérique et travaille sur un protocole de synthèse.
  • Il est très difficile de décider si des données peuvent être utilisées ou non en tant qu'équivalents. Existe-t-il certains principes permettant d'appuyer ces décisions? Réponse : Il s'agit vraiment de cas par cas, alors plutôt que de dire « voici comment procéder », nous essayons de nous entendre sur certaines étapes du processus décisionnel. La première de ces étapes consiste à documenter les méthodes et procédures utilisées pour recueillir l'information (p. ex. la façon dont elle a été recueillie et l'endroit où elle a été recueillie); la deuxième consiste à discuter avec les experts pour déterminer le résultat souhaité lors de l'analyse finale, pour ensuite déterminer si la cohorte peut fournir ces renseignements.

Séance de remue-méninges en petits groupes (séance 2)

  • Nous vivons dans une société où les téléphones cellulaires sont omniprésents, et où les gens riches ont plus de téléphones cellulaires que les gens pauvres. L'utilisation de ces appareils pour la surveillance dresserait donc un portrait du comportement des gens riches plutôt que de l'ensemble de la société.
  • Aux États-Unis, de nombreux téléphones cellulaires sont utilisés par des gens dont le statut socioéconomique est faible, et l'utilisation de ces téléphones est en train de dépasser celle du téléphone traditionnel dans certains secteurs du monde en développement, car les téléphones cellulaires sont moins chers ou plus accessibles. Cette situation soulève des questions intéressantes sur le biais qui pourrait ainsi être introduit, mais il ne s'agit plus autant d'un phénomène propre au statut socioéconomique élevé que par le passé.
  • Il pourrait être utile de rassembler les données d'études qui prennent des mesures à différents moments. Si l'on fait preuve de minutie et de jugement, on pourrait ainsi obtenir de bons résultats.
  • Pour des raisons éthiques, on ne peut prélever qu'une quantité limitée de sang chez des enfants, ce qui complique le prélèvement d'échantillons sur un même sujet à différents moments. Cependant, si vous disposez d'une cohorte d'envergure suffisante, vous pouvez résoudre ce problème en prélevant des échantillons de différentes personnes à différents moments.

Conférence principale de Jean Lebel

  • À quels groupes disciplinaires avez-vous eu recours pour comprendre les meilleures façons d'influer sur le comportement? Réponse : À des naturalistes, des spécialistes des sciences sociales (au sens large), des biologistes, des groupes de médecins, des biochimistes, des anthropologues, des psychologues et des sociologues. Même le développement d'un langage commun prend du temps et représente un défi.
  • Étant donné que l'urbanisation représente un changement important dans les pays en développement, comment cette approche pourrait-elle être appliquée aux secteurs urbains? Réponse : Beaucoup de travaux ont été commandités en secteur urbain, pas nécessairement sur les contaminants, mais plutôt sur les maladies. Cette approche s'est avérée beaucoup plus rapide en ce qui concerne la recherche et l'intervention (par exemple, en raison de la proximité des établissements et du nombre d'intervenants présents, il est plus facile de prendre contact avec les autres; on se trouve aussi plus près du pouvoir, là où les changements peuvent s'effectuer). Cela dit, des intérêts multiples peuvent se manifester, ce qui est difficile à gérer. Il arrive que les gens aient des attentes irréalistes par rapport à la recherche; il est donc important d'établir une relation de confiance dès le début avec eux et de veiller à ce qu'ils comprennent ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Il est aussi important de développer une capacité locale permettant d'effectuer ce type de travail.
  • Le concept de la santé des écosystèmes convient particulièrement bien aux gens qui sont étroitement liés à leur environnement; il s'agit d'un concept qui s'appliquerait aisément dans l'Arctique canadien. Toutefois, les personnes qui vivent dans de grandes villes, dont la nourriture est transportée sur des milliers de kilomètres et qui se déplacent souvent ne sont pas aussi exposées à leur environnement local. Comment la santé des écosystèmes pourrait-elle être utile dans ce contexte? Réponse : De plus en plus de recherches sont réalisées sur les liens qui existent entre l'agriculture, la santé, la nutrition et les maladies non transmissibles. Bien que les gens qui vivent en ville soient loin de la campagne, ils ont beaucoup d'influence pour y faire changer les choses (p. ex. progression des aliments biologiques) en exerçant des pressions sur les producteurs pour obtenir des aliments de meilleure qualité. Nous avons du mal à étudier le concept de santé des écosystèmes au-delà de l'environnement local et avons peu de preuves de la réussite de ce concept. Nous devons tenter d'obtenir d'autres sources de financement et susciter l'intérêt des bailleurs de fonds à l'égard de cette approche; si nous avons vraiment l'intention d'aller de l'avant, nous avons besoin de programmes d'envergure et d'investissements à long terme.

Présentations de la séance 3

  • L'idée la plus emballante présentée au cours de l'après-midi était le recours à de nouvelles technologies pour transformer la façon dont nous évaluons les expositions dans différents milieux. Par exemple, si j'utilise mon téléphone cellulaire pour prendre une photo de mon repas et que je l'envoie au laboratoire, il s'agit d'une évaluation de l'exposition alimentaire en temps réel, sans biais de rappel. Il serait aussi possible de mesurer d'autres éléments, par exemple l'exposition aux rayons UVB ou à la matière particulaire. Bien que cette idée ne soit pas tout à fait prête à être présentée à grande échelle, de nombreuses études de validation de principe pourraient être réalisées pour contribuer à son avancement.
  • Il existe déjà de nombreux sites Web sur l'alimentation où il est possible d'entrer les aliments que l'on consomme pour obtenir une liste de produits comparables (p. ex. conseil de recherches en épidémiologie) et leur information nutritionnelle.
  • Il s'agit d'une approche intéressante pour nous pencher sur les micronutriments et les macronutriments, mais nous nous intéressons davantage aux contaminants chimiques ingérés avec les aliments, et les photos ne peuvent détecter des pesticides sur les aliments consommés. Si l'alimentation est une source importante d'exposition, nous devrons être plus innovateurs dans nos façons d'étudier cet aspect.
  • Nous avons proposé beaucoup de concepts futuristes au cours des derniers jours, mais ces idées de grandeur sont une bonne chose, car nous devons être à l'aise lorsqu'il s'agit de nous tenir debout, d'être confiants en notre champ d'étude et de ne pas douter de ce que nous pouvons réaliser en faisant un meilleur travail de mesure, de quantification et de modification de l'environnement.
  • Les aliments viennent de partout dans le monde; les caractéristiques de la contamination varient donc grandement, même pour un même produit. Une contamination peut être mesurée dans le sang, mais cette analyse n'indique pas les nutriments ingérés avec les aliments, ni leur utilité. Par exemple, le poisson, bien qu'il soit très nutritif, contient du mercure. Ce que nous cherchons à faire, c'est de maximiser la nutrition et réduire les risques, car de nombreux polluants sont persistants et demeurent dans l'organisme pour une longue période. La question est de savoir ce que nous pouvons faire pour réduire les effets des polluants.
  • L'un des défis auxquels sont confrontés les chercheurs du domaine de la salubrité de l'environnement est non seulement de repérer les substances nocives et de cerner leurs effets, mais aussi de suivre le cheminement emprunté de la source jusqu'à l'effet, et les facteurs qui peuvent influencer ce cheminement. Cet aspect devrait avoir un effet sur nos mesures et sur l'élaboration de meilleurs modèles.
  • Plus nous pouvons tirer parti de l'enthousiasme du public, mieux ce sera pour nous. La manière d'établir des liens avec la lutte contre les maladies chroniques est une autre question.
  • Nous devons non seulement mesurer les concentrations de contaminants dans les aliments, mais nous devons également en connaître l'absorption.
  • Nous avons besoin d'une vision ambitieuse de nos objectifs, car elle suppose un forçage technologique. Sans ambition précise, nous ne pourrons atteindre notre objectif suffisamment rapidement.
  • Un autre exemple de l'amélioration possible des évaluations par le recours à la technologie GPS est son utilisation pour faire le suivi des milieux où les gens se rendent quotidiennement et d'établir des liens avec divers indicateurs de santé et le statut socioéconomique.
  • De nos jours, tout le monde a un téléphone cellulaire, donc même si ces appareils ne sont pas encore parfaits pour la recherche, si les gens commencent à les utiliser dans cette optique de toute façon, nous nous trouverons bientôt en présence d'un appareil qui change complètement la donne. Nous devons demeurer à l'affût de possibles technologies de rupture (probablement des technologies basées sur une plateforme d'informatique mobile) et tirer profit des occasions de promouvoir leur utilisation et leur amélioration.
  • Les diabétiques disposent déjà de technologies sans fil permettant de transmettre des renseignements à leur médecin; nous pourrions sans doute déterminer des biomarqueurs sur le terrain pour certains sous-échantillons, ainsi que des renseignements sur les niveaux d'exposition ou de stress, par exemple, à un moment donné. Cela permettrait de lever une bonne partie de l'ambiguïté des erreurs statistiques, puisque les erreurs de mesure de l'exposition seraient pour ainsi dire éliminées.
  • Des applications permettant de mesurer le niveau de bruit peuvent être installées sur des téléphones cellulaires.
  • Davantage d'études, de gros effectifs, plus de données, davantage d'harmonisation : ces idées sont toutes très ambitieuses, mais bon nombre d'entre elles nécessitent une exécution appropriée (validation de principe, par exemple). Aucun organisme subventionnaire n'attribuera des millions de dollars à un projet qui a recours à une méthodologie non éprouvée. Nous devons commencer à réfléchir à la mise en place d'un programme permettant de concrétiser ces idées en projets pilotes, ce qui justifierait leur intégration à de nouvelles études de cohortes, par exemple. Nous devons considérer les idées d'un point de vue pratique avant d'en faire la promotion.
    • Que savons-nous à propos des caractéristiques des expositions qui ne sont pas actives épigénétiquement? Réponse : Nous connaissons seulement les effets des expositions qui ont des conséquences épigénétiques, car personne ne signale de résultats négatifs. Personne n'a étudié de façon méthodique et testé les composés considérés comme sécuritaires.
    • Qu'en est-il de la variation de l'activité entre différents tissus? Réponse : La méthylation pourrait être propre à un type particulier de cellule, mais nous observerons tout de même une réponse détectable en dépit de la variabilité. Si un agent a bien un effet épigénétique, nous en verrons les effets, que ce soit par un prélèvement de sang ou de salive.
    • A-t-on accès à des données issues d'échantillons longitudinaux? Réponse : Nous disposons déjà de certaines données issues d'études longitudinales réalisées chez des humains; en ce qui concerne les animaux, nous avons fait un suivi de la naissance à la fin de la vie. Lorsqu'il est question d'entreposage d'échantillons, nous devons penser au-delà des technologies existantes et tenter d'anticiper les besoins des technologies futures. Imaginez toutes les questions auxquelles il serait possible de répondre aujourd'hui si des échantillons de sang de la cohorte de 1958 avaient été entreposés.
    • Nous avons entendu qu'un entreposage inadéquat peut provoquer des changements épigénétiques. Réponse : Il y a deux types principaux d'échantillons entreposés : les types particuliers de cellules (p. ex les globules blancs) et l'ADN, qui très stable une fois entreposé.
    • Que pensez-vous des implications de ce travail sur le plan de l'équité? Réponse : Certaines études suggèrent un mécanisme qui nous permettrait de suivre l'association chimique entre la pauvreté et les conséquences sur l'ADN. Cela fait valoir que la toxicité économique est égale aux autres formes de toxicité ou pire que celles-ci.
    • Des organismes de réglementation effectuent-ils ou exigent-ils une analyse du dépistage? Réponse : Santé Canada y réfléchit, mais à notre connaissance, personne n'est passé à l'action, que ce soit ici ou en Europe. On peut adopter deux points de vue philosophiques à cet égard : l'approche académique, selon laquelle ce serait trop compliqué, et l'approche selon laquelle nous n'avons pas le droit de priver le public des connaissances que nous possédons.
    • Est-il possible d'étudier spécifiquement un composé organique volatil (COV) particulier? Réponse : Il est possible de recourir à la photo-ionisation pour ioniser des familles de COV, mais cette technique ne permet pas d'identifier une molécule. Elle s'inscrit dans le même type d'empreinte : petite, légère et peu coûteuse.
    • Sur le plan des moniteurs individuels, les résultats rapportés ici sont très prometteurs. Nous tentons de modifier les capteurs utilisés dans le cadre du travail, mais nous nous butons à certains problèmes, par exemple parce qu'ils ne sont utilisés qu'une ou deux fois ou sont très énergivores. Nous espérons que ces résultats encourageront les collaborations, car personne d'autre ne dispose de la capacité nécessaire pour le moment.
    • L'ozone est l'un des contaminants les plus difficiles à mesurer dans l'environnement ambiant. Êtes-vous près d'un dénouement en la matière? Réponse : L'ozone interfère avec d'autres mesures que nous prenons, car il s'agit d'un agent oxydant très efficace, mais son effet sur d'autres composés peut être mesuré de façon assez précise. Nos tests en laboratoire ont une bonne spécificité, et nous sommes également optimistes à propos des mesures atmosphériques.
    • Hier, il a été question de mécanismes permettant d'étudier les interactions entre la matière particulaire et les êtres humains et d'études rétrospectives montrant que la matière particulaire dans l'air ambiant pourrait avoir un effet sur l'ADN. Existe-t-il des biomarqueurs ou des métabolites capables de fournir des indications quant à l'exposition à la matière particulaire? Réponse : Aucune étude réalisée jusqu'à maintenant ne permet de conclure qu'il y a ou non méthylation de l'ADN. La modification de la séquence d'ADN est un effet mutagène; la réponse épigénétique n'a pas encore été étudiée.
    • La différence entre la spécificité constatée lorsqu'on mesure ou évalue les concentrations d'azote ou de dioxyde d'azote et celle constatée avec divers marqueurs protéomiques et métaboliques est saisissante. Comment la mesure de l'effet d'un contaminant sur le protéome ou le métabolome peut-elle être utilisée par rapport aux marqueurs d'exposition? Réponse : Presque tous les composés peuvent être mesurés de façon relativement précise; la question est de savoir si certains changements supposent la présence d'une trajectoire commune ou sont complètement spécifiques. Les deux cas sont probables, car certains vont causer un effet particulier (p. ex. nitration), tandis que d'autres pourraient susciter un changement commun associé à un certain groupe d'infections ou de contaminants environnementaux.
    • Avec les expositions, qu'elles soient sociales ou chimiques, ce que nous obtenons, c'est un paysage complexe grâce auquel il est possible de détecter plusieurs choses. Si vous étudiez le génome, vous obtiendrez une signature détaillée qui décrit l'historique de l'exposition et vous permet de distinguer les expositions.
    • En tant que responsables d'une étude de cohorte d'envergure qui nécessite la conservation de centaines de milliers d'échantillons de sang et d'urine, devrions-nous effectuer des analyses sur ces échantillons maintenant pour alimenter les banques et ainsi permettre l'exploration des données, ou devrions-nous plutôt attendre cinq ans pour profiter du coût moins élevé et du fait que la technologie sera sans doute plus perfectionnée? Réponse : Ce sera probablement moins cher dans quelques années. Ce qui importe, c'est surtout l'urgence des questions et le temps nécessaire pour y répondre. Ces techniques sont considérées comme exploratoires : la meilleure approche est donc d'effectuer des travaux fondés sur des hypothèses, pour avoir une idée de ce qu'on recherche.
    • Les questions et les données alimentent la technologie. Si nous voulons des innovations technologiques dans 20 ans, nous devons effectuer les expériences maintenant et poser les bonnes questions. Chaque fois que nous serons ralentis par un obstacle, des technologies seront mises au point pour le surmonter.
    • Nous avons d'énormes besoins technologiques à satisfaire pour être capables d'étudier ces diverses approches, et nous devons encourager le gouvernement à investir – non seulement parce que nous avons besoin de nouveaux appareils pour faire l'analyse d'échantillons, mais surtout parce que ce sera bon pour l'économie, comme le projet du génome. Nous devons porter à l'attention du gouvernement le fait que si nous parvenons à demeurer un chef de file dans ce domaine, nous en tirerons des avantages économiques importants.
    • Dans quelle mesure l'épigénétique est-elle utilisée dans l'ensemble du domaine de la médecine personnalisée? Réponse : Il y a eu des percées technologiques importantes dans notre travail, motivées par des besoins médicaux. Le potentiel du domaine de l'épigénétique est énorme, ce que les investisseurs ne réalisent pas complètement. De plus, bien que nous soyons à la veille d'une révolution scientifique, la confiance envers la haute technologie et la technologie s'est émoussée, et on a noté une diminution de l'intérêt envers l'investissement en recherche. Il y a donc un écart entre les progrès considérables que nous sommes sur le point d'accomplir et l'environnement frileux vers lequel nous nous dirigeons.
    • De nombreuses variations de la méthylation sont causées par l'immortalisation des cellules en culture, car il s'agit d'un énorme changement d'environnement. La concentration d'oxygène dans le corps humain est d'environ 7 ou 8 %, et d'environ 25 % dans les cultures de tissus. L'oxygène exerce une influence certaine sur l'épigénome, donc tous les profils de méthylation de l'ADN changent dès qu'ils se trouvent dans un environnement où la concentration d'oxygène est très élevée. C'est pourquoi il est essentiel d'entreposer convenablement l'ADN, pour qu'il puisse être analysé plus tard s'il ne l'est pas maintenant.
    • Que savons-nous au sujet de la détérioration des trichlorophénols dans le plastique par opposition au verre, ou au sujet des effets généraux du gel et du dégel? La stabilité de tous les analytes doit-elle plutôt être éprouvée et différents récipients doivent-ils être essayés? Réponse : Nous savons que les flacons de plastique ou de verre, selon le composé, influencent les conditions de conservation des échantillons. En général, il ne faut rien conserver à une température de -20 °C : vous perdrez des classes complètes de protéines présentes dans l'urine en une seule nuit au cours de ce premier gel. La clé, c'est d'avoir une température d'au moins -40 °C.
    • Les échantillons de gouttes séchées de sang et d'urine sont utiles car ils sont constants; chaque fois qu'on sépare un échantillon, on introduit une source importante de variation. Pour les préserver, il faut idéalement les entreposer à une température de -80 °C; les gouttes entreposées à la température ambiante se dégradent de façon significative dans les 12 mois suivant la préparation.
    • Un supplément publié dans l'International Journal of Epidemiology il y a environ cinq ans présentait des résumés de diverses conditions d'entreposage d'échantillons. Il existe également une documentation abondante sur la stabilité des gouttes de sang séché; récemment, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies ont poursuivi la préparation de la revue systématique des conditions d'entreposage.
    • Si l'objectif est d'obtenir de la technologie et des méthodes à appliquer à de vastes études sur l'environnement et la santé humaine, quelle serait votre principale cible si vous aviez du financement? Réponse : La manipulation des données. Nous pouvons générer d'immenses ensembles de données sur de nombreux composés différents, mais nous pourrions ne jamais avoir l'assurance nécessaire pour les utiliser. Nous avons besoin de trouver un moyen pour décomposer ces ensembles en éléments assimilables.
    • Par ailleurs, en Amérique du Nord, la formation avancée en mathématique n'est suivie que par les spécialistes du domaine, et les mathématiciens disponibles sont généralement peu utiles pour nous puisqu'ils n'ont aucune vision du contexte biologique général. Nous peinons à obtenir du financement pour des biomathématiciens, et pourtant, les besoins en la matière sont très grands.
    • Autre problème plutôt pratique : en général, les activités doivent être en grande partie fondées sur des hypothèses. Il faut presque connaître la réponse avant même de soumettre une proposition. Une certaine portion du travail lié au recensement est toutefois de nature beaucoup plus conjecturale; il faut donc être conscient que de nombreuses techniques élaborées de cette façon pourraient se traduire par des surprises de taille. Les organismes de financement sont tous peu enclins à prendre des risques, mais les récompenses potentiellement élevées supposent une certaine part de risques.
    • Les IRSC procèdent actuellement à la réforme de leurs volets de recherche pour protéger ou créer un volet distinct de projets considérés comme à risque élevé, mais qui ont le potentiel de procurer des avantages élevés, de façon à ce qu'ils n'entrent pas en compétition avec des projets peu risqués.
    • Autre message important à transmettre aux bailleurs de fonds : pour que des progrès soient réalisés, différentes disciplines doivent travailler de concert. Le fait de caractériser le problème de façon interdisciplinaire (comme cela a été fait aux États-Unis et au Royaume-Uni pour le projet du génome) permet de faire le lien avec la capacité nécessaire pour aborder diverses questions.
    • Il y a un écart entre le fait que 90 % de la méthylation est terminée au moment de la naissance et le dynamisme de l'organisme en ce qui concerne les réactions après la naissance. Le dynamisme diminue-t-il en fonction de l'âge? Réponse : Différentes variations de la méthylation de l'ADN peuvent survenir dans le génome. De ces variations, 90 % définissent l'identité cellulaire, ce qui est immuable, mais d'autres portions du génome définissent l'identité relative au contexte environnemental et peuvent donc être modifiées. L'évolution de l'ADN s'effectue à différentes échelles de temps, et avec 24 millions de sites CpG et autant de sites non-CpG, les occasions de se pencher sur ces échelles sont nombreuses.
    • Nous devons faire en sorte que le secteur privé se rende compte de la possibilité de réaliser des gains grâce à ces travaux, ce qui implique l'élaboration de modèles économiques pour montrer les avantages financiers de ces études. Nous devons officialiser ces considérations et préparer des arguments raisonnables pour en faire la défense. Nous devons également redéfinir le risque, car le public veut savoir ce qu'est un environnement sûr et connaître les nouveaux médicaments ou outils de diagnostic – et si notre recherche ne répond pas à ces besoins, cela pose un risque.
    • L'industrie pharmaceutique produira des ensembles de données riches pour alimenter le courant de la médecine personnalisée. S'ils se trouvent dans l'espace public, ils peuvent être utilisés pour faire progresser certains de nos défis et de nos questions. Il existe de nombreuses façons de réfléchir de façon latérale et plus intelligente pour devenir agents de changement au cours de notre vivant.

Séance de remue-méninges en petits groupes (séance 3)

  • Il existe actuellement peu de moyens pour mesurer les particules en suspension dans l'air, qui ne sont donc pas mesurées de façon continue. Il est très habituel, par exemple, de prélever des échantillons correspondant à une exposition continue d'une semaine, puis de faire analyser les échantillons en laboratoire; on accorde donc peu d'importance au facteur temps dans les résultats.
  • Le dénombrement et la spéciation des spores de moisissures exigent toujours beaucoup d'heures de travail, mais il s'agit d'une tâche très importante, que nous maîtrisons.
  • Un certain nombre d'instruments permettent de faire la distinction entre les particules en suspension dans l'air qui sont biologiquement inactives ou actives. Bien que ces instruments ne soient pas très courants, les militaires font tiennent beaucoup à leur développement pour des applications dans le domaine du biorisque et du bioterrorisme, par exemple.
  • Dans le domaine des particules en suspension biologiquement actives, les méthodes d'établissement de profils d'ADN se perfectionnent sans cesse, ce qui nous permet d'en apprendre toujours plus sur la diversité de la flore microbienne à laquelle nous sommes exposés.
  • L'alimentation, pourtant une source très importante d'exposition aux contaminants, ne semble pas être considérée lors des discussions.
  • L'une des possibilités dont il a été question est l'exploration de nouvelles technologies permettant d'obtenir davantage de données longitudinales de façon plus objective (p. ex., appeler les sujets sur leur téléphone cellulaire à un moment précis pour savoir ce qu'ils viennent de manger).
  • Il existe également de nombreux questionnaires de fréquence alimentaire.
  • En ce qui concerne les expositions d'intensité élevée et d'intensité faible, il semble que lorsqu'on divise ainsi une population, d'autres renseignements sont perdus. Réponse : Il s'agit d'une première étape pragmatique. Si vous voulez effectuer une analyse coûteuse, vous prélevez un échantillon stratifié, observez les deux extrêmes et tentez d'en dégager un effet général. S'il n'y a aucune différence, vous faites autre chose. S'il y en a une, vous aurez la possibilité d'étudier plus en profondeur la zone grise.
  • Si vous ne savez pas si l'exposition à des contaminants est élevée ou faible avant de la mesurer, comment déterminer ce qui est élevé et ce qui est faible? Réponse : L'objectif n'est pas de mesurer l'exposition, mais plutôt l'interaction biologique ou l'effet biologique.
  • Cette situation donne lieu à un phénomène biologique intéressant : une courbe dose-réponse en forme de cloche, observée dans différents secteurs. Il faut donc d'abord comprendre le lien avant de pouvoir aller plus loin.

Conférence principale de Michael Dellarco

  • Lorsqu'on travaille en petites équipes multidisciplinaires, il est très compliqué de décider de la méthodologie à employer. Quel processus utilisez-vous pour prendre des décisions de façon relativement rapide? Réponse : Nous fonctionnons de manière très transparente et nous croyons au dialogue ouvert. Nous encourageons nos centres d'étude, notre personnel et nos experts à nous informer si nous passons à côté de quelque chose ou à nous présenter toute suggestion d'amélioration. Ensuite, nous tentons de voir s'il est possible d'intégrer ces éléments à l'étude ou d'évaluer leur utilité. La décision finale revient aux directeurs de l'étude et de l'Institut, en fonction des résultats de l'analyse et d'autres éléments de preuve à leur disposition.
  • En matière de données et de saisie de données, quelles sont les méthodes que vous avez étudiées (enquêtes réalisées au moyen d'entrevues ou enquêtes auxquelles les participants ont répondu par écrit; enquêtes électroniques ou enquêtes papier)? Réponse : Les systèmes de gestion de l'information et l'informatique sont indispensables. Au début, nous avions choisi des systèmes logiciels privés, mais faisons maintenant marche arrière et avons opté pour des systèmes libres et modulaires. Avec les systèmes privés, des problèmes peuvent survenir si vous voulez aller de l'avant et investir pour procéder à certains changements, mais que vous êtes bloqué par le développeur parce que ces changements ne l'intéressent pas. Les systèmes privés sont aussi problématiques lorsque vous voulez établir des partenariats. Les systèmes ouverts et libres, bien qu'il en existe peu, permettent de contourner ces problèmes. Initialement, nous disposions également d'un système central de coordination, ce qui comporte certains avantages du point de vue de la saisie de données, mais constitue un véritable cauchemar au chapitre de la programmation en cas de changement au protocole. Nous suggérons l'élaboration d'une architecture modulaire autour de divers champs d'intérêt, de façon à éviter de perturber toute la plateforme lors d'un changement. Autre aspect important : avoir des mesures de contrôle des données pour en assurer la qualité.
  • Quelle est votre opinion sur les normes d'entreposage? Réponse : Il faut entreposer les échantillons à une température de -80 °C. Nous envisageons d'introduire davantage de mesures en temps réel pour réduire le besoin même d'entreposage et considérons différentes méthodologies (p. ex. la dessiccation), qui pourraient être moins coûteuses et amélioreraient la qualité des échantillons, étant donné que le gel et le dégel en favorisent la dégradation.
  • Quelles sont vos exigences en matière de consentement des participants? Devez-vous demander à nouveau le consentement d'enfants une fois qu'ils atteignent l'âge adulte? Les familles ou les personnes participant au projet obtiennent-elles des résultats? Si oui, comment? Réponse : Nous disposons de procédures très détaillées pour obtenir le consentement éclairé des participants; de plus, ceux-ci peuvent choisir de se retirer à tout moment et peuvent même choisir de ne pas participer à quelques visites. Nous suivons des lois et des protocoles à mesure que les enfants grandissent. Le nombre de participants qui acceptent de se soumettre à toutes les mesures est toutefois très élevé. Aucune procédure n'est en place pour l'instant sur le plan de la divulgation des résultats, mais en cas de problème d'ordre juridique (p. ex. de la maltraitance) ou de situation environnementale ou clinique particulière, nous sommes tenus d'informer les participants et les autorités.
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